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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 15 avril 1993 à Lunel Viel

Présents : M. Bonifay, B. Garnier, M. Leenhardt, C. Mercier, G. Proust, C. Raynaud, C. Richarté, L. Rivet, J. et Y. Rigoir, D. Rouquette, S. Saulnier, L. Vallauri.
Excusés : G. D. d’Archimbaud, R. Boiron, D. Pieri. J. Piton, Ch. Pellecuer, J.-P. Pelletier, F. Villedieu.

Logistique casse-croûte sur la pelouse du Parc Municipal, devant l’Orangerie Napoléon III. Vin blanc cépage Chardonnay (coteaux de Vérargues - ad Venranicus, C. Magal 1097), Muscat sec de Lunel Viel et rouge cépage Merlot (domaine Grès Saint-Paul -.Sanctus Paulus de Cabrerium C. Aniane, 1226), servis dans des conteneurs fuselés en verrerie régionale.

L’habitat de Dassargues à Lunel (Hérault)

Deux kilomètres à l’est de Lunel, l’habitat de Dassargues est mentionné pour la première fois comme villa dans une charte de Psamoldi datée de 788 (C. Psalm. F°13). Cependant les prospections ainsi que les fouilles réalisées en 1992, permettent de situer à la fin du IVe s. une première occupation marquée par un réseau de fossés délimitant des parcelles cultivées(fouille dirigée par Catherine Mercier (maîtrise en cours) et Claude Raynaud ). La période wisigothique révèle une activité plus dense avec la présence d’une ferme, de deux cabanes, de fours à pain, de fosses et d’un nombre important de silos. Simultanément, on note un colmatage progressif des fosses, qui ne perdent pas pour autant leur rôle structurant, fosses et silos continuant à s’aligner sur ceux-ci. Le caractère attractif de Dassargues va s’accentuer jusqu’à la fin du XIe s. ou il est mentionné comme chef-lieu de paroisse. Mais au milieu du siècle suivant il ne subsiste plus que sous la forme d’un manse. Ce déclin peut être imputé à l’émergence dans le voisinage du castrum de Lunellum Novum/Lunel, connu par les textes dès 1096 (C.Aniane, 222).

La présentation des céramiques s’est limité au secteur sud-ouest de la fouille, correspondant à un habitat des VIe-VIIe s. Une cabane scelle le comblement d’un fossé antique en s’installant dessus, près d’une seconde habitation repérée en bordure d’un chemin. Dans les deux cas il s’agit de constructions légères comportant palissades, murs en pierres sèches et sols en terre battue. Dans les environs, sont creuses des fosses et des silos, vaste zone d’ensilage jouxtant une aire empierrée probablement vouée au dépiquage des céréales. Le mobilier présenté dans cette étude provient essentiellement du comblement de ces structures réutilisées comme fosses-dépotoir lors de leur abandon.

Plusieurs ensembles de céramiques ont été présentés, provenant d’un fosse (3275) et de cinq silos (3019, 3032, 3034, 3035, 3263). Étant donnée la proximité de 3032, 3034 et 3035 ainsi que leur implantation régulière selon l’orientation des fosses antiques et les collages observés lors de la réunion entre les différents lots. il est possible de regrouper ces trois silos afin de constituer une série importante de tessons. Le total général montre la faible place occupée par la vaisselle d’importation africaine, constituant moins de 2 %. Si l’on détaille on remarque que la claire C et la claire D représentent respectivement 0,01 % et 0,02 % du total. Au sein des importations africaines une place plus importante échoit à la céramique commune, représentée par deux cols de jarre a deux anses (n° 24 et 25) et une vingtaine de tessons à pâte dure, rouge recouverte d’un engobe jaune (prés de 2 %). En ce qui concerne les amphores, nous dénombrons un peu moins de 8 % de production africaine pour 5 % d’orientale. Les céramiques communes de tradition gallo-romaine (pâte calcaire ou sableuse) représentent 3 % du total et peuvent être considérées comme résiduelles. La vaisselle à pisolithes, presque exclusivement à cuisson oxydante, occupe une place équivalente, les fragments présentant souvent un aspect roulé.

La seule catégorie se démarquant de cet ensemble est la céramique kaolinitique gris-bleuté constituant 78 % du total. En ce qui concerne la typologie, notons la nette prédominance des types 6 et 7 (respectivement 34 % et 33 %). Les bords simples (types 1 et 2) représentent plus de 16% du total et semblent correspondre à des formes à encolure étroite de type cruche ou pichet (n° 1 et 2) . Le type 5 (n° 3 et 5) est peu présent avec moins de 5 % tandis que l’on note la présence résiduelle de quelques vases a pisolithes a lèvre en amande de faciès tardo-antique (n° 17). Les types 3, 4 et 8 sont également sous-representés, avec 1,5 % environ pour chaque forme. La majorité des fonds sont pats ou bosselés, massifs (n° 18), reflétant une manière de faire tardo-antique, bien connue au Ve s. (Raynaud 1990, fig. 120).

En ce qui concerne la typologie globale, peu d’éléments sont fournis par les tessons. Nous pouvons cependant penser à une prédominance de formes fermées globulaires et lourdes comme le suggèrent certains éléments de panse et d’épaule. Les diamètres des cois sont généralement compris entre 10 et 15 cm, ce qui correspond à des vases de taille moyenne. Il convient de souligner la rareté des anses, deux exemplaires, aucun n’étant associé à un bord. Le silo 3019 a livre une petite fiole en terre kaolinitique à post-cuisson réductrice; la pâte présente un aspect grossier et le traitement de surface est peu soigné. Il s’agit d’une forme peu courante, dont on connaît un parallèle dans la nécropole de Cadarache (Bonifay à paraître). Les formes ouvertes, rares, sont néanmoins représentées, en particulier par un petit bol caréné en pâte kaolinitique. Cette forme rappelle de manière lointaine les coupelles découvertes à la Gayole dans le Var et datées de la fin du Ve ou du début du VIe s. (Cathma 1986, fig. 12 , n° 9 à12). Une urne (n° 26) juxtapose des éléments archaïsants hérités de la fin du Ve s. ou du VIe s. et un élément novateur, son décor à la molette de petits carrés en trois registres superposes. Dans ces faciès anciens ce type de décor reste peu exceptionnel, on le trouve sur un seul fragment kaolinitique. On en connaît un autre exemple dans un contexte fin Ve-début VIe s. à Lunel-Viel (Raynaud 1990, 208 n°1147).

Un terminus post quem peut être défini à partir des importations, à dominante africaine. On relève parmi celles-ci des fragments de type 91 et 99 en claire D , ainsi que des fragments de panse et de col appartenant à des amphores globulaires rappelant celles découvertes sur le site du Mont-Bouquet (Gard, réunion de Nîmes, 1991) et datables du VIIIe s. On note aussi des fragments de productions orientales, mais aucun bord ne permet une datation précise. Les deux cols de jarre que l’on suppose d’importation africaine peuvent être comparés à des exemplaires trouves a Carthage dans des horizons des VIe et VIIe s. (Fulford 1984, fig.82, n 39). La morphologie des bords de la céramique kaolinitique, en particulier les types 6 et 7, montre des formes encore empreintes de la tradition de l’Antiquité tardive: bords triangulaires ou bords massifs tendant vers la poulie. Le bol n° 17 montre un goût encore prononcé pour les carènes qui animent le profil des céramiques antiques. Enfin la verrerie, représentée dans la fosse 3019 par deux verres à pied torsadés, nous situe au VIIIe s. comme l’indiquent des comparaisons à Ruscino (C. A. T. H. M. A. Languedoc, à paraître) et en Méditerranée orientale (Égypte, rens. D. Foy).

A la lumière de ces éléments, on proposera donc une datation entre le milieu du VIIe et la fin du VIIIe s. Cette fourchette chronologique est précisée par la présence dans le silo 3035 d’une plaque-boucle lyriforme de type byzantin, objet généralement situé dans les nécropoles dans la première moitié du VIIIe s.

Ce mobilier se situe donc à une période charnière, durant laquelle arrivent encore en Gaule les dernières importations méditerranéennes. Les céramiques régionales caractérisant l’Antiquité tardive (céramique estampée, à pisolithes, céramique engobée) s’éteignent également, cédant la place à un seul type de céramique commune: la production à pâte kaolinitique. La post-cuisson oxydante est désormais très occasionnelle, avec un indice précieux s’il se confirme: la présence dans un silo d’une anse qui pourrait signaler le début de la production peinte carolingienne découverte à Lunel-Viel.

Un faciès plus tardif, provenant d’un groupe de silos distinct topographiquement, est illustré exclusivement par des kaolinitiques avec une morphologie se détachant un peu plus encore de la tradition antique: bords en poulie, vases globulaires à épaule cannelée, fonds larges bombés.

A côté de ces contextes sont présentées des céramiques du faciès “An Mil”, dominées par deux catégories: la pâte sableuse gris clair, de belle facture et qui pourrait évoquer une production kaolinitique mais se distingue nettement des pâtes kaolinitiques antérieures, et la pâte tendre (appelée aussi localement détritique). L’ensemble est marque par une typologie bien distincte du lot précédent: les formes antiquisantes y sont absentes et les bords simples éversés (types 1 à 4 et 5 , Cathma. Languedoc à paraître).

Pour la séance qui doit se dérouler à Toulouse, les 13 (après-midi) et 14 (matin) mai 1993, le RV est devant la gare, à 13h30 (le jeudi 13). M.-G. Colin se propose de faire les réservations de chambres: Pour ceux d’entre vous qui sont intéressés, prendre contact; par écrit ou par téléphone, le plus rapidement possible, avec M. Bonifay (Université de Provence, CNRS-Antiquités Africaines : 29, avenue Robert-Schuman, 13621 AIX-EN-PROVENCE).

1993-15-04_01

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