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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 20 octobre 2006

Saint-Victor/Le Grand Verger – (Lambesc, Bouches-du- Rhône)


Présents : G. Almès, R. Broecker, M. Bonifay, M. Fixot, C. Huguet, J.-P. Lagrue, C. Landuré, T. Mani, P. Maritaux, T. Martin, F. Marty, J.-P. Pelletier, C. Richarté, Y. Rigoir, J. Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, S. Schmit, J.-C. Treglia, M. Valente
Excusés : J. Bérato, H. Breichner, O. Maufras, M. Moliner, C. Pellecuer, C. Raynaud, L. Vallauri

Après une matinée consacrée à la visite du site, la séance s’est tenue à Lambesc dans les locaux du Musée Municipal. Nous tenons à remercier Guiral Almès et les personnes de son équipe pour l'organisation de cette journée ainsi que le Musée Municipal de Lambesc pour son accueil.

Présentation du site et du matériel par Guiral ALMES

Depuis 2004 le site de l’établissement gallo-romain du Grand Verger/Saint-Victor fait l'objet d'une fouille de sauvetage urgent nécessitée par la réalisation de travaux agricoles de sous-solage. Un premier défonçage des sols de la parcelle N°119 a été effectué au printemps 2004. Un second eut lieu en avril 2005. Cette opération s'imposait notamment en raison de l’importance des éléments architectoniques et mobiliers repérés. L’association « Les Amis du Vieux Lambesc », ainsi que les associations regroupées dans le cadre de l’Union Archéologique des Bouches-du-Rhône ont prêté leur concours efficace à ces campagnes de fouilles. Les étudiants en archéologie et en histoire de l’art furent également nombreux à
y participer dans le cadre de stages d’anthropologie dirigés par Brunot Bizot conservateur au SRA PACA.
Suite aux photos aériennes prises en 1968 par le colonel Monguilhan, qui mettaient en évidence la présence de grands axes, les premières recherches furent entreprises en 1981 au nord de la parcelle actuellement fouillée. Des installations de pressage y furent découvertes en association avec un mobilier daté du Haut-Empire. Les campagnes de fouilles réalisées depuis 2004 ont permis de dégager les vestiges d'une partie de la pars urbana d'une villa organisée autour d'une grande cour, agrémentée d'un bassin central. La partie nord de la villa se compose d'une succession de larges pièces au sol de béton.


L'une d'entre elle est pourvue d'un exèdre outrepassé en moellons de petit appareil en assises régulières. On observe la présence, en réemploi, de chaperons de murs dans les soubassements des murs de ces espaces. Ces éléments d'architecture appartiendraient, selon Jean-Pierre Pelletier, à un monument (funéraire ?) de la fin de l'Age du Fer. Des salles, plus petites (dont une conserve les restes d'une mosaïque de sol polychrome), ont également été découvertes à une centaine de mètres à l'est et paraissent liées à des thermes. La datation de cette villa demeure difficile. Elle semble avoir subi de nombreuses transformations entre le Haut-Empire et l'Antiquité tardive. Une nécropole s'installe dans la partie ouest de la villa durant l'Antiquité tardive. Les sépultures découvertes semblent appartenir à une nécropole occupée entre le Ve s. ap. J.-C. et le VIIIe s. ap. J.-C. Cet ensemble de tombes entoure une chapelle qui réutilise en partie les murs de la villa. Il s'agit peut-être de l'église Saint-Victor que mentionne vers 970 une charte du cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Un texte du XVIIIe s. signale l’existence d’un bâtiment pouvant appartenir à cet édifice. Michel Fixot remarque la présence, au niveau de l'abside, d'un support d'arcade latéral qui plaide en faveur d'un voûtement en cul-de-four typique du premier art roman. Le comblement de deux silos découverts au centre de l'église a livré, en association avec des fragments de barre de chancel en marbre, de la céramique commune grise à décor lissé que Jean-Pierre Pelletier propose de dater entre le IXe et le XIe s.
Il est possible qu'un lieu de culte paléochrétien associé à la nécropole ait précédé le monument médiéval. L'ensemble funéraire étudié compte à ce jour 53 tombes dont la typologie s’apparente aux formes héritées de la période gallo-romaine. On note la présence de trois sarcophages ainsi que deux demi cuves. Les tombes en pleine terre sont parfois recouvertes de lauzes ou de tegulae. Quelques caissons anthropomorphes sont formés de lauzes posées de chant. Les caissons qui abritent les restes des enfants immatures sont toujours constitués de tegulae. Plusieurs tombes correspondent également à des bâtières posées sur un fond en tegulae. Seuls deux objets, peigne et agrafe à double crochet, ont été découverts dans les sépultures. L'absence de céramique dans les tombes interdit une datation précise, mais l’environnement stratigraphique et l'agrafe à double crochet démontrent néanmoins l’établissement du cimetière durant l’Antiquité tardive.

Sélection de contextes


1 pot ansé en céramique à pâte rouge et surface noire (PRSN) fréquent dans la région d'Apt. Quelques panses de céramique commune grise à décor lissé. Datation proposée : IXe-XIe siècles.

Pot en céramique commune grise à décor lissé, amphore gauloise, amphore africaine, amphore hispanique Haltern 70 ? (1 anse), céramique africaine culinaire (Hayes 197). Fragment de barre de chancel en marbre. Datation proposée : IXe-XIe siècles.

Matériel découvert dans la périphérie du puits (non fouillé). Céramique commune grise (Pelletier A6), 1 fond bombé, matériel d'époques moderne et contemporaine (cruche engobée à décor vert et jaune, verreà vitre).

Sigillée africaine claire A (Hayes 14/17), sigillée africaine claire C (Hayes 50), sigillée africaine claire D. Forte proportion de sigillée africaine claire C. Céramique culinaire varoise micacée, ollae en céramique commune brune, céramique luisante, sigillée claire B, céramique commune à pâte claire, céramique commune brune provençale (olla), amphore africaine (Dressel 30 ?). Datation proposée : début du IVe s.

Denier de Crassus, céramique à pâte claire engobée, céramique commune à pâte claire (forte proportion), sigillée sud-gauloise, céramique africaine culinaire (Hayes 197 tardive, intrusion ?). Datation proposée : fin du Ier s. ap. J.-C.

Sigillée africaine claire A, sigillée claire B/luisante, sigillée africaine claire C (vase à liquide), céramique africaine culinaire (Hayes 23, Hayes 196), céramique luisante, céramique commune brune provençale. Datation proposée : ensemble peut-être plus ancien que celui de la fosse 03. Fin du IIIe s. ?

DSP : F.1 ("marseillaise" ?), plusieurs F.6 (dont une brune) régionales mais non marseillaises décorées de palmettes ; sigillée claire B (coupe avec graffiti).