Précédent Remonter Suivant

Téléchargez le fichier PDF

CATHMA
Compte rendu de la réunion du 10 février 2006


Présents : J. Bérato, F. Bertoncello, R. Broecker, M. Bonifay, M. Borréani, H. Breichner, D. Djaoui, P. Excoffon, C. Huguet, M. Jannet,
C. Landuré, L. Long, T. Martin, F. Marty, J.-M. Michel, C. Moreau, N. Nin, M. Pasqualini, J.-P. Pelletier, J. Piton, C. Raynaud, C.
Richarté, L. Rivet, S. Saulnier, E. Sauze, L. Schneider, E. Tomas, J.-C. Treglia, C. Vaschalde
Excusés : G. Demians d’Archimbaud, G. Féraud, J.-B. Féraud, M. Moliner, F. Paillard, C. Pellecuer, D. Pieri, F. Richez, Y. Rigoir, J.
Rigoir, L. Vallauri, M. Valente, M. Vecchione, Y. Waksman


Cette séance s’est tenue à Aix-en-Provence dans les locaux de la MMSH.


I. Habitat perché de Sainte-Candie (Roquebrune-sur-Argens, Var)
Présentation du site F. Bertoncello (CNRS CEPAM), C. Moreau (Université de Provence, LAMM).

Le matériel céramique provient du secteur des habitats et du secteur de l’église. La céramique recueillie dans les habitats révèle une occupation de l’Antiquité tardive. Celle découverte dans l’église appartient à la période médiévale.

La zone 1a livré un total de 1252 tessons de céramique. On dénombre parmi les céramiques fines : 24 tessons de D.S.P., 77 tessons en pâte claire et seulement 5 tessons de sigillée africaine D dont aucune forme n’est reconnaissable. La céramique commune est composée de 141 tessons de céramique commune grise, 153 tessons de céramique commune brune et 90 tessons de céramique commune à pâte claire. S’ajoute à ce mobilier quelques tessons d’amphores (145 tessons d’amphore Africaine, 11 d’amphore orientale et 62 d’amphores indéterminées). La majeure partie de se mobilier se compose d’une proportion élevée de céramique modelée (528 tessons).

Les céramiques fines : La vaisselle fine est minoritaire dans le vaisselier. Elle ne représente en effet que 8,4% des tessons sur l’ensemble du mobilier.
Les pâtes claires : Cette catégorie est habituellement associée à la tradition céramique varoise (une forme fermée, trois cruches et un bol).
Les Dérivées des Sigillées Paléochrétiennes : La majorité du matériel en D.S.P. montre une production aux caractéristiques plastiques similaires à la céramique commune grise. On y observe souvent un dégraissant grossier comportant du mica. Les surfaces sont dépourvues d’engobe, et aucun tesson n’est décoré. Ces caractéristiques plaident plutôt en faveur d’une production relativement tardive (mortier Rigoir 29a, Rigoir 8, Rigoir 18).
Sigillée Africaine D : La vaisselle en sigillée africaine est quasiment absente. Elle est représentée par 4 tessons, informes et un fond de lampe en sigillée africaine D.

les céramiques communes locales :
Les céramiques communes locales représentent plus de 30% du mobilier. Elles sont principalement illustrées par des ustensiles en céramique à pâte grise de type provençale (7 ollae, dont 4 formes de type Pelletier A1, et une forme Pelletier A3, ainsi que 3 coupes et 1 mortier (fig. 1, n°4). On rencontre également une céramique à pâte brune, très micacée, vraisemblablement de production locale. On compte dans cette production 5 ollae, dont 2 de type Pelletier A1 et 1 Pelletier A2, ainsi qu’un mortier. On perçoit enfin une production à pâte plus claire, minoritaire, sur laquelle on observe un dégraissant grossier, très micacé. Cette production locale a livré 1 mortier et 3 cruches.

les céramiques communes importées :
A l’instar des vaisselles fines, les céramiques communes importées sont quasiment absentes du répertoire de Sainte Candie. On note toutefois la présence d’un mortier africain de type Fulford 22-23 (fig. 1, n°2). Il s’agit vraisemblablement d’une production de la région de Nabeul (atelier de Sidi Zahruni). Cette forme est attestée entre la seconde moitié du Ve siècle, voir le premier tiers du VIe siècle.

Les céramiques modelées :
Une grande partie du mobilier recueilli est composé de céramique modelée (42,4% de l’ensemble des tessons). La pâte est de couleur brune, à rouge orangé. La forte proportion de mica noyé dans un dégraissant grossier trahit une provenance locale. Certains vases sont lissés sur la paroi externe. Le répertoire des formes est dominé par des pots, complétés par quelques formes de marmites à bord simple déversé vers l’extérieur. On compte 6 formes Bérato F181, 2 formes Bérato F181b avec bec verseur, 2 formes Bérato F182, 3 formes Bérato F183, 4 formes Bérato F184 (fig. 1, n°3), 5 pots indéterminés, et 4 marmites Bérato F791. Cette production modelée fréquemment attestée dans le Var durant l’Antiquité tardive, semble s’inscrire dans une chronologie relativement large, entre la fin du Ve siècle et le début du VIIe siècle.

Les amphores :
Cet ensemble est largement dominé par les amphores africaines (66,5%). Cependant, l’extrême fragmentation des tessons n’a permis d’identifier qu’une forme : Keay LV (fig. 1, n°1). Cette amphore diffusée à partir de la fin du Ve siècle est attestée jusqu’au second quart du VIe siècle dans le contexte de la Palud à Port-Cros. La prédominance des amphores africaines sur les amphores orientales est caractéristique en Provence des contextes du VIe s.
Notons la présence marginale de quelques tessons d’amphores orientales (5 %) parmi lesquels un fragment d’amphore L.R.A.4 associé à trois tessons d’amphore L.R.A. 2, sans doute originaire d’Asie mineure (Samos ?). A noter également la présence de fragments d’urnes en pierre ollaire.

Le secteur de l’église a livré un ensemble de 357 tessons, dont 27 objets identifiés. Ce mobilier provient principalement de l’intérieur de l’église, mais également des remblais de destruction adjacents. La fouille de la sépulture, découverte contre le mur gouttereau sud de la travée orientale, a livré un pégau à bec ponté tubulaire et fond archaïque, apparenté aux premiers types datés du XIe siècle (fig. 1, n°5). A l’image du mobilier de l’Antiquité tardive, la céramique fine, ainsi que les importations sont quasiment inexistantes. Ce mobilier est donc essentiellement composé de marmites et de pégaus en céramique commune

Les céramiques communes à pâte grise
Parmi 106 tessons de céramique grise, 11 formes ont été identifiées. On peut différencier deux productions dans cette catégorie. Une production de céramique grise de type provençale, au sein de laquelle on compte 5 pégaus et 3 marmites. Les pégaus présentent des fonds plats, ce qui semble correspondre à leur réapparition courant XIIe siècle. Les marmites à 2 anses horizontales semble également apparaître courant XIIe siècle et au XIIIe siècle. Parmi les marmites identifiées ici, 2 sont de catégorie B3, type a de Rougiers (fig. 1, n°6), et 1 de catégorie B3, type b. La seconde production à pâte grise emble provenir d’Ollière. Parmi cette production on observe la présence d’une jatte à deux anses (fig. 1, n°7). Les céramiques communes brunes Cette production à pâte brune est très fragmentée. On compte 161 tessons, au sein desquels 3 marmites ont été identifiées. Leur pâte brune très micacée laisse supposer l’appartenance à un atelier local. Ces marmites sont décorées à la roulette sur le col et le haut de la panse. Notons également la présence d’une marmite à pâte plus orangée et fortement micacée.

Les céramiques communes glaçurées
Dans cette catégorie apparaissent deux productions distinctes. La première est caractérisée par une pâte fortement micacée, recouverte d’une glaçure jaune à vert-olive répartie de manière inégale. Cette catégorie est attestée par la présence d’une marmite. La ressemblance entre cette pâte et celle des céramiques communes à pâte brune micacée nous permet d’envisager une évolution de la céramique locale vers la glaçure.
La seconde production est originaire des ateliers de l’Uzège illustrée ici par une marmite assimilée à la catégorie B2B de Rougiers (fig. 1, n°8). Cette production est diffusée en Provence dès la seconde moitié du XIIIe siècle.
Céramique commune importée Un petit fragment à pâte claire, jaunâtre et glaçure verte semble appartenir à une production importée de Tunisie ou de Sicile, par comparaison avec une petite jarre à 2 anses et glaçure verte, provenant des fouilles de la place Jules Verne à Marseille dans un contexte du premier tiers du XIVe siècle. Ce tesson apparaît comme le seul témoignage d’une importation lointaine.

L’analyse du matériel céramique a donc permis de mettre en évidence plusieurs phases d’occupation distinctes entre le secteur des habitats et l’église. Le secteur des habitats semble avoir été occupé entre la fin du Ve siècle et le milieu du VIe siècle, tandis que l’église paraît occupée sur une période plus étendue, autour du XIe siècle jusqu’au milieu du XIIIe siècle.

II. Habitat fortifié de Salernes Vieilles (Salernes, Var)
Présentation du site Elizabeth SAUZE (Service de l’Inventaire, DRAC PACA), présentation du matériel C. Moreau (Université de Provence, LAMM).

Le matériel céramique provient de la maison 2, du bâtiment K et des cabanes 1 et 2. Cette fouille a livré un total de 923 tessons. La céramique fine est représentée par 16 formes en D.S.P. (1 Rigoir 8, 1 Rigoir 18 (fig. 2, n°10), 2 Rigoir 29 et 2 Rigoir 63). La D.S.P. est de facture très rustique et les décors y sont rares (seulement 3 tessons ont des décors de palmette très frustres). A cette production s’ajoute 3 formes en pâte claire (dont 1 Rigoir 8 et une coupelle). On note également l’absence des céramiques fines importées.
La céramique commune se compose d’une production à pâte grise de type provençale (229 tessons dont 1 cruche et 7 Pelletier A (fig. 2, n°9), 4 Pelletier B, ainsi qu’un fond légèrement convexe (fig. 2, n°12). S’ajoute à cette production, 5 ollae (fig. 2, n°14) à surface noire et pâte brune micacée, probablement d’origine locale, enfin 43 tessons d’une production à pâte brune (1 cruche, 5 Pelletier A et 3 fonds convexes). La seconde catégorie la mieux représentée après les céramiques communes à pâte grise est la céramique modelée. On en dénombre 82 tessons dont 3 pots Bérato F 181 (fig. 2, n°13). 3 urnes en pierre ollaire sont également présentes (fig. 2, n°15). Le seulélément véritablement datant est un bord d’amphore Albenga 11/12 (fig. 2, n°11) diffusée entre la fin du Ve siècle et le second quart du VIe siècle (épave de la Palud à Port-Cros). On compte 251 tessons d’amphore africaine et aucun tesson d’amphore orientale. Les fonds convexes en céramique commune grise et brune associés à des céramiques modelées servent également de repère chronologique et attestent une permanence de l’occupation jusqu’au VIIe siècle.

III. Habitat perché du Col Sainte-Anne (Simiane-Collongue, Bouches-du-Rhône)
Présentation C. Moreau (Université de Provence, LAMM), fouille A. Muller (Service Régional de l’Archéologie, PACA)

Le matériel céramique provient de la terrasse XI, fouillée par A. Muller dans les années 80. La fouille de la terrasse a livré un total de 920 tessons.

Les vaisselles fines
La vaisselle de table est principalement composée de D.S.P. (174 tessons (dont 2 Rigoir 4, 2 Rigoir 6a, 5 Rigoir 8, 2 Rigoir 18, 5 Rigoir 29, 5 Rigoir 63, ainsi que plusieurs assiettes, bols et urnes). A ce mobilier local s’ajoutent 2 mortiers et 1 cruche en pâte claire micacée. A noter également quelques céramiques fines importées dont 27 tessons de sigillée africaine D (1 Hayes 61, 2 Hayes 67, 4 Hayes 87a, 1 Hayes 99 et une coupelle) (fig. 3, n°16 à 22), un tesson au décor de lièvre en L.R.C. Cet ensemble typologique est bien attesté dans les contextes marseillais du 1er tiers du VIe siècle, sur la fouille de la Bourse à Marseille, sondage 11/12.

La céramique commune
Elle est dominée par la production locale à pâte grise, de tradition marseillaise. On compte 623 tessons appartenant à cette catégorie (74 Pelletier A, dont 2 Pelletier A4 (fig. 3, n°24, 25), 2 Pelletier A5 (fig. 3, n°26) et 3 Pelletier A11 (fig. 3, n°27), 52 Pelletier B, 4 Pelletier D, 2 urnes et 7 petits bols (fig. 3, n°28 à 30). Quelques importations sont illustrées par la présence de 3 fragments de marmite C.A.T.H.M.A 3.

Les amphores
Les amphores sont dominées par les importations orientales (L.R.A. 1, L.R.A. 2, L.R.A. 3, L.R.A. 4, L.R.A. 5). Soulignons la présence d’un bord d’amphore africaine de type Albenga 11/12 (fig. 3, n°23) caractéristique des contextes datés de la fin du Ve s. et du tout début du siècle suivant.

IV. Gisement sous-marin des Catalans (Marseille, Bouches-du-Rhône)
Présentation du site L. Long (DRASSM), présentation du matériel J.-C. Treglia (LAMM)

La surface du gisement reconnue à ce jour couvre une surface de plusieurs centaines de mètres carrés compris entre le rivage et la digue des Catalans. Le mobilier étudié à l’issue de la campagne de fouilles 2005 représente un effectif de 1499 fragments illustré pour l’essentiel par des importations méditerranéennes1 de différentes époques parmi lesquelles celles de l’Antiquité tardive se détachent toutefois nettement de l’ensemble.
En dépit de la nature remaniée de ce contexte sous-marin, qui correspond probablement à un dépotoir secondaire constitué durant l’Epoque Moderne2, la forte proportion de matériel importé accrédite, pour la période qui nous concerne, l’hypothèse de prélèvements réalisés dans une zone de rejets de cargaisons. La fragmentation du mobilier et l’extrême rareté des collages plaident également en faveur de la formation de ce dépotoir à partir de matériels de curages rapportés depuis un site proche. On songe évidemment au bassin du Vieux-Port dont l’envasement nécessita jusqu’à une période récente de fréquentes opérations de nettoyages. La décoloration des pâtes, liée au séjour des tessons dans la vase détritique du fond du port, apporte un crédit supplémentaire à cette hypothèse. Les niveaux marins découverts à l’occasion des fouilles réalisées sur la rive nord du Vieux-Port3 livrent en effet une forte proportion de céramiques décolorées4. Si la localisation du gisement initial reste difficile à préciser, la rareté des productions locales au sein du lot étudié va dans le sens des hypothèses des fouilleurs selon lesquelles cette zone de mouillage devait être assez éloignée des quartiers d’habitat tardifs.
Les vaisselles fines locales telles que les DS. P ou les céramiques communes régionales, si abondantes dans les niveaux de comblement de la corne du port (La Bourse), ou dans les fouilles réalisées à proximité de l’Hôtel de Ville apparaissent en effet marginales dans le dépotoir des Catalans.
L’intérêt de cet ensemble, dont nous ne présentons ici qu’un faible échantillonnage, réside surtout dans la diversité des approvisionnements et dans la présence, aux côtés de types fréquents, de formes dont la diffusion en Gaule méridionale demeurait jusque là inconnue ou se résumait tout au plus à de rares attestations.

Sigillée africaine claire C (types Hayes 48, 50A, 50B, 71B). Sigillée africaine claire D (types Hayes 59, 67, 73A, 80, 91, 91C). Sigillée phocéenne tardive (type Hayes 3D, fig. 4 n° 31). Sigillée chypriote tardive (type Hayes 9, fig. 4 n° 32).
Sigillée pontique identifiée par Frédéric Marty (type Atlante 1, fig. 4 n° 33). Luisante (pot). DS. P. (cruche).
Céramiques culinaires et céramiques communes
Céramique commune grise (types Pelletier D, MA3). Pâte claire (type Pasqualini 10, cruche à trois anses, coupe, bassins). Céramique commune du Proche-Orient (marmite de Beyrouth fig. 4 n° 35, Cathma 4b, Robinson M71).
Céramique commune de Mer Egée (Cathma 17).
Céramique culinaire africaine brute (types Hayes 23A, 191 fig. 4 n° 34, 196, 197, Cathma 3). Céramique culinaire
africaine engobée (types Hayes 23 classique, 23 tardive, 181, 184). Céramique commune africaine (cruche incisée d’un chrisme, mortier).
Céramique modelée de Pantelleria (jatte). Céramique liguro-provençale (type Cathma 13).

Amphores africaines (types Panella 1B, 2, Keay 3 similis, 8A ( ?), 8B, 25.1, 25.2, 35B, 62A, spatheion 2, globulaire à décor ondé et graffiti, fig.4 n° 38).
Amphores orientales (types LRA1, LRA1A, LRA2, LRA3 fig. 4 n° 36, LRA3 imitation, LRA4A, LRA5, Mau 38, Samos, Robinson 65/66, amphore de Beyrouth ( ?), unguentarium tardif fig. 4 n° 37).
Amphores ibériques (types Dressel 23, Almagro 50, 51C).

Lampes africaines (types Deneauve 7 tardive, Atlante VIII, Atlante X fig. 4 n° 39)

Tubes de voûte africains fig. 4 n° 40

V. Assemblée Générale de la CATHMA et renouvellement du Conseil d’Administration

Après avoir discuté du programme prévisionnel des séances de travail pour l’année 2006, les adhérents présents ont procédé à l’élection des membres du Conseil d’Administration et du Bureau. Les membres élus du Conseil d’Administration sont : BONIFAY Michel, DJAOUI David, LONG Luc, PELLEGRINO Emmanuel, PELLETIER Jean-Pierre, PIERI Dominique, PITON Jean, RAYNAUD Claude, RICHARTE Catherine, RIGOIR Jacqueline, RIGOIR Yves, RIVET Lucien et SAULNIER Sylvie.

Notes
1 - Les importations (Afrique du Nord, Italie, Espagne, Méditerranée orientale) représentent en effet plus de 65 % de l’ensemble du matériel examiné.
2 - Cf. L. Long, rapport 2004.
3 - Corne du Port (La Bourse), places Jules Verne et Villeneuve-Bargemon
4 - L’altération des couleurs des pâtes et des surfaces n’a pas permis d’identifier un grand nombre de fragments de panses.