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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 29 mai 1997
Présents: F. Cur-Mezzoud, G. Demians dArchimbaud, G. et J.-B. Féraud.
S. Lang, M. Leenhartd, J.-P. Pelletier. D. Pieri. P. Reynaud, Y et J. Rigoir,
L. Rivet. S. Saulnier, L. Vallauri.
Excusés : M. Bonifay, J. Piton. C. Richarté.
La réunion sest tenue à Aix-en-Provence, dans les locaux des Antiquités Africaines.
La CATHMA évoque le souvenir de Roger GUERY, décédé le 13 mai dernier et membre actif de lassociation de par sa profonde connaissance de lAfrique du Nord.
I. SAINT-JEAN-DE-GARGUIER
(présentation G. et J.-B. Féraud).
Présentation de plusieurs contextes issus de ramassages récents (1996-1997) à la suite dun aménagement des terrasses, au sud du prieuré de Saint-Jean et au-dessous de la chapelle Saint-Clair: les couches datées des XVIIe-XVIIIe s. sont au contact dun habitat protohistorique ; à quelques mètres, des couches dun habitat de lAntiquité tardive viennent sintercaler.
1. Contexte avec de la céramique grise datée de la fin du XIIe s.-début XIVe s. ; une forme de marmite en céramique glaçurée ; un grand pot dOllière à décor digité ; un peu de vert et brun.
2. Pour lAntiquité tardive, bord à bandeau. f. A et B en céramique grise ; 1 DS.P grise complète : f. 18, à col haut, à profil différent du profil marseillais classique (deuxième moitié du Ve s.). La palmette imprimée tête en bas sur la panse complète la palmette à boucles 4607, découverte au Bon-Jésus à Marseille (Etudes massaliètes 5).
II. MARSEILLE, Chantier César
(présentation S. Lang).
Seuls la céramique fine et quelques fragments de céramique commune posant problème ont été présentés.
1. US. 5155 (remblai supérieur) : sig. cl. D : H. 12/102 guillochée (ancienne), I fr. de première génération, H. 61, var. tardive; au moins 3 lampes africaines à bandeau plat, type H. IIA ; DS.P : f. marseillaises de la première génération: f. 1, ?, 3, 9 (bord à collerette et à col haut), 18. 29 ; les décors sont répertoriés sauf un arceau inédit.
Les amphores ont été en partie identifiées : amph. orientales : LRA 1, 3, 4, 5.2. US 5178 (remblai sous un sol): sig. cl. D : H. 91 ; amph. orientale LRA 5 et amph. afr. ind. ; 1 fr. intrusif (?) : bouchon en pâte dOllière (après lan mille).
3. US 5122 (au même niveau que lUS 5155) : sig. cl. D : H. 87 (fond), 93 (décoré) ; DS.E grise : f. 68 (tardive) et I marli ondé ; africaine de cuisine : H. 197 (bord dégénéré, haut.).
Amph. orientales : LRA 1, 5 : amph. africaines : Keay 55, 35.
Datation : Vle s.4. US 5237 : sig. cl. D : H. 70, 80, 82, 84. DS.R : 3 fr. de panses décorées. C5 : 1 fr. de fond à décor de croix monogrammatique.
5. US. 5119 : sig. cl. D : H. 82/84, 96 (rare ; 2 ex. : dat. : 490/540), 99, 1 ex. de Saint-Blaise. fig. 54 (H. 93-94-98) et une f. haute sur pied H. 170-1 ; sig. cl. C : 1 fr. informe ; DS.P. grise: f. 1 (marli décoré de rinceaux), 29 (listel important), 3 à marli guilloché (2 ex.), 14. 25 (marseillaise typique), 68. 75. Comm. importés : I bord de cér. orientale (Chypre).
Amphore orientale : Riley 6 (mais ce nest pas un marqueur chronologique).
Datation : Vle s.6. US 5175: sig. cl. D : 87, 107 (bord sans guillochis); sig. cl. C : 1 bord; Phocéenne tardive: H. 3 guilloché ; commune importée : marmite de Constantinople (VIIe-VIIIe s.).
7. US. 5135 : sig. cl. D : H. 87 ; DS.P. f. 18 (2 ex. classiques ; décors : arceau 200 et une variante du même), 25, 75 ; communes importées: CATHMA type 5 (marmite modelée de Pantelleria) et type 7 (marmite égéenne).
8. US 5111 : sig. cl. D : H. 104 ; LRC : 1 ex. tardif (sans guillochis ; tin du VIe s.) ; DS.P. : f. 25, 29 (f. tardive à versoir pincé), une f. à marli décoré de rouelles.
Datation : fin du VIe s.
III. LES RAPPORTS ENTRE SIGILLÉE CLAIRE D ET DS.P.
(présentation E Cur-Mezzoud).
1. Quelques différences dordre général.
Si la sigillé claire D est produite en cuisson oxydante, la DS.P. utilise, suivant les régions, les deux techniques. oxydante et réductrice, soit concurremment soit la seconde seule.
Comme les autres sigillées, la sig. cl. D est produite de façon presque industrielle, avec des formes très stéréotypées. à linverse de la DS.P. où ce type de production est abandonné pour une méthode plus artisanale donnant un aspect plus rustique aux formes. dû à une technique de finition et peut-être de fabrication (gabarits pour la D) moins poussée.La Claire D offre un répertoire de formes plus abondant que pour la DS.P.
2. Les rapports entre la sigillée claire D et la DS.P.
On peut tout dabord répéter que ces deux catégories appartiennent au groupe des céramiques fines. Elles se caractérisent en effet toutes deux par labsence de récipients culinaires à lexception des mortiers à listel ainsi que par labsence de traces dutilisation sur un foyer.
La presque totalité des formes des deux catégories peut être classée en deux grandes groupes : assiettes et bols.
Les formes.
Nous avons essayé de faire un rapprochement des formes de Claire D qui se retrouvent en DS.P.La forme 18, caractéristique de la DS.P, ne trouve aucune correspondance en D. Elle dérive directement de la forme Dragendorff 37, en passant par la forme 2 en Claire B, et la forme 2/37 en Luisante (Rigoir 1968). La tonne 25 en DS.P. provençale ne trouve pas non plus de correspondance en sig. cl. D, ni même en DS.P. languedocienne ou dAquitaine. Dans les deux catégories, on trouve des vases à liquides, en plus grand nombre toutefois et avec de nombreuses variétés en DS.P.
On notera labsence de pieds sur les assiettes de sigillée claire D, qui
rappellent le profil des productions de DS.P. languedociennes. La forme
Mackensen 46 (Mackensen 1993) présente des traces profondes à lintérieur
de la panse (fig. 1, n° 2) tout comme la forme 3c en DS.P (fig. 2, n°s
6a et 6b). Pour Mackensen. cette forme. décorée de perles sur le marli,
est faite au moule en plâtre, ce qui nest pas le cas pour la DS.P. Les
exemples en DS.P. que nous avons à la Bourse (sondages 10 et 11) sont datés
de la fin du Ve-début VIe (sond. 10, période 4) (fig. 2, n° 6b), et du
premier tiers du VIe s. pour lex. du sond. 1 1 (période 4 ; fg. 2, n°
6a). Mackensen, quant à lui, date cette forme du IVe au VIe s.
Un fond de DS.P. forme 29 à la Bourse (sondage 11) avec des inclusions
limitées par une rainure se rapproche des exemplaires en sig. cl. D trouvés
à El Mahrine (voir le compte rendu CATHMA du 10 février 1995).
Les poinçons.
La DS.P. emprunte à la sig. cl. D la technique dornementation et le style de nombreux décors complétés par de nouvelles variantes, quelques figures en sont directement copiées.
- Les palmettes : Elles sont assez simples sur la sig. cl. D. On trouve plus de variété sur les DS.P., avec des palmettes plus élaborées et de formes diverses. Les variantes en pointe de flèche illustrées chez Haves sont plus nombreuses en sig.cl. D quen DS.P. (fig. 3, n°5 7 à 9 et fig. 4, n°5 30. 31).
- Les rouelles : A peu près toutes les variétés appartenant à la sig. cl. D se retrouvent sur les DS.P., saut les rouelles à fleurettes en cl. D, absentes du répertoire de la DS.P. (fia. 3, n"S 10 à 12).
- Les rouelles et carrés hachurés : On en retrouve dans les deux catégories. surtout en Languedoc pour la DS.P. Les carrés pointés, en revanche, ne se rencontrent que dans le répertoire de la sig. cl. D. (fig. 3, n° 13).
- Les arceaux : Alors quon en trouve une grande variété en DS.P., ils sont peu nombreux sur ;a sig. cl. D et le plus souvent composés de hachures.
- Les colonnettes : Très variées en DS.P, elles sont quasiment absentes du répertoire de la sig. cl. D.
- Les carrés : On en retrouve différentes sortes dans les deux catégories (fig. 4, n° 32. 33).
- Les losanges à volutes : Ils sont identiques dans les deux catégories.
Le poinçon Mack. 250 se retrouve anciennement dans le trésor de Mycènes, et très fréquemment sur les bandeaux de lampes (fig. 3, n° 14 et fig. 4, n° 34).
Le poinçon Mack. 252 (fig. 3, n" 15 et fig. 4, n° 35) se rencontre sur des vases étrusques (fg. 4, n° 45).
- Les chrismes : On en trouve quelques exemples en DS.P. en Suisse, en Aquitaine. I exemple est gravé à Caumont (Vaucluse). Ils sont proches des poinçons Mack. 192 à 199 (fig. 3, n° 17. 18).
- Les motifs trilobés : Très variés en D, il en existe quelques exemples dans la vallée du Rhône (fig. 3, n° 19 et fig. 4, n° 36).
- Les chrismes dans les coeurs : Ils sont complètement absent du répertoire de la DS.P. (fig,. 3, n° 20 à 22).
- Les motifs doiseaux : On en trouve dans les deux catégories, avec peut-être plus de variété en sig. cl. D. (fig. 3, n° 23 et fig. 4, n° 38 à 40).
- les motifs au cerf: 1 exemple chez Haves (fig. 3, n° 24), I autre sur un fond de D de Saint-Blaise (fig. 3. n° 25). Ils sont plus variés et plus représentés en DS.P (fig. 4, n° 37).
- Les croix : La croix monogrammatique perlée en DS.P. (fig. 4. n° 41) est proche de celle illustrée en sig. cl. D par les poinçons 303 chez Haves (fig. 3, n° 29) et 263 chez Mackensen (fig. 3, n° 26). Ces croix en DS.P. ont été retrouvées à Pélissanne, Saint-Blaise, la Bourse (fig. 2, n° 6) et sur lîle dElbe (fig,. 4, n° 41 et 42).
- Les personnages : 2 exemples en DS.P. (I à Marseille et 1 du Causse Noir) mais de taille nettement plus petite quen sig. cl. D. On trouve plus fréquemment en DS.P., des bustes de personnages (fig. 3, n° 27 et fig. 4, n° 43, 44).
- Les canthares ou vases eucharistiques : Ils sont totalement absents en DS. P.
Enfin, on ne trouve pas en DS.P. de poinçons animaliers encadrant un autre motif, comme le n° 271 chez Hayes (fig. 3, n° 28). La décoration en DS.P. est uniquement géométrique.
Nous rappelons le poinçon de DS.P. 4962 qui nous a été signalé lors de la réunion de Carpentras (6 février 1997), très similaire au schéma 116 de Haves remis à léchelle 1 / 1 par Mackensen n° 5, p. 252 et citons le poinçon au motif complexe 4966 que lon retrouve identique sur la lampe 1218 chez Ennabli (pl. LXVI). Dans la très riche iconographie des lampes, se rencontrent très souvent le motif des poinçons 211 et 4523 de DS.P., associées à un canthare. il se retrouve aussi en D (Mackensen, p. 254, n° 11 et l2).
La composition décorative en sigillée claire D et en DS.P.
Sur la sig. claire D, le décor se rencontre sur certains marlis et sur les fonds dassiettes, de coupes et coupelles ou de bols. On ne trouve jamais de décors sur les panses des bols comme en DS.P. où la plupart sont décorés.
Sur les fonds dassiettes de sig. cl. D, la décoration semble être plus stéréotypée quen DS.P. Par exemple, les formes H. 50 de lépave du Dramont E (Santamaria 1996) ont un schéma décoratif constant. Cinq rouelles sont disposées autour dun petit cercle en creux ou une trace de tournassage. le décor étant circonscrit par 1 ou 2 sillons circulaires. Santamaria souligne quil semblerait que les rainures sur les fonds aident à mettre en place un décor. Les sillons participent esthétiquement au décor tout en ayant une finalité fonctionnelle en aidant à le disposer.
Ces deux observations ne caractérisent pas le décor en DS.P. Même sil
est possible de constituer des groupes, il semble que le décor stéréotypé
sur une forme particulière nexiste pas ; très souvent. on sent que le
potier prend plus de liberté dans le choix des motifs et leur disposition.
Il est évident que certains schémas sur sigillée claire D se retrouvent
en DS.P. La forme et la taille de lobjet influençant le style de décor
et sa position, on trouvera plus normalement un décor structuré et fourni
sur des grands plats, alors quau fond des bols où la place est plus réduite,
on rencontre très souvent un seul poinçon imprimé.
La décoration des marlis nest pas très répandue en sigillée claire D,
alors quelle est pratiquement systématique en DS.P De rares exemplaires,
en D. portent un décor imprimé, quelques uns ont un décor dapplique, les
guillochis et les godrons sont plus courants.
La DS.P., quant à elle, offre une grande variété de décors et de poinçons même si la succession dun seul motif de rouelle sur tout le bord est le type le plus courant.
Comme nous lavons dit ci-dessus, les panses de bols de sig. cl. D ne présentent aucune décoration extérieure au contraire de la DS.P. où labondance de motifs peut en recouvrir toute la surface, comme dans la production languedocienne. Mais nous ne développerons pas le sujet puisquaucune comparaison avec la D nest possible.
Un élément détude intéressant peut être la confrontation des quantités vaisselles importées (D) / vaisselles locales (DS.P.)". Les proportions apparaissent très différentes, Par exemple, entre Arles et certaines fosses dOlbia (± 40 %) et Marseille (± 20 %), des éléments commerciaux et politiques pouvant apparaître par des observations plus fines.
Bibliographie
- Ennabli 1976: ENNABLI (A.). - lampes chrétiennes de Tunisie (Musées du Bardo et de Carthage).Paris : CNRS. 1976.
- Mackensen 1993 : MACKENSEN (M.).- Die spätantiken Sigillata und Lampentopfereien von El Mahrine ( Nord Tunesien ). Munich, 1993.
- Rigoir 1968 : RIGOIR (J.).-Les Sigillées paléochrétiennes grises et orangées. Gallia, t. XXVI, fasc. 1. Paris : CNRS, 1968. p. 177-244.
- Santamaria 1996 : SANTAMARIA (C.).-Lépave Dramont E à Saint-Raphaël (ve s. ap. JC). Archaeonautica, 13. CNRS édition. Paris 1996.
La prochaine réunion se tiendra à Arles (IRPA) le 16 octobre 1997 à 10 h.En attendant, bonnes vacances ...