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CATHMA
Compte rendu de la réunion des 3 et 4 avril 1997
Présents : X. Aquilué, V Belbenoit, M. Bonifay, P. Castanyer, X. Chadefaux,
E Coeur-Mezzoud, D. Foy, 1. Llinas, M. Mataro, X. Nieto, J. M. Nolla, D.
Pieri, J. Piton, A. Puig, C. Richarté, L. Rivet, M. Santos, S. Saulnier,
J. Tremoleda, L. Vallauri, M. Vecchione.
Excusés : G. Démians dArchimbaud, M. Leenhardt, J.-P. Pelletier, F. Paillard,
Y et J. Rigoir.
La réunion sest tenue dans la bibliothèque du Musée dAmpurias (Lescala, Espagne). Nous tenons à remercier très vivement nos collègues espagnols pour avoir su nous accueillir si chaleureusement et avoir permis une prise de contact qui sannonce fructueuse pour lavenir.
Les séances de travail ont été réparties sur deux demi-journées, la première pour examiner du matériel dAmpurias, la seconde pour une série dexposés sur des fouilles de communes voisines.
Jeudi 3 avril
I. EMPURIES, Fouilles de San Marti.
Le site de San Marti présente une succession doccupations depuis le VIIe s. avant n.è. jusquà nos jours, avec cependant quelques hiatus. Depuis le Ier s. de n.è., on assiste à une régression de lhabitat sur le site de la ville romaine jusquau déplacement de cet habitat pendant la période tardo-antique (VIe-VIIe s.), sur une petite hauteur en bord de mer, où émerge alors un village qui sera siège épiscopal, puis siège du comté dAmpurias jusquau XIe s.
Un projet de réaménagement des réseaux urbains (eau, téléphone, électricité) a permis, au moyen de plusieurs fouilles dans les rues et places, de connaître la structure de la ville antique.
La majeure partie du matériel présenté provient de la destruction de murs et niveaux antiques et tardo-antiques de la place située devant léglise.
1. Plaza Mayor, dépotoir.
Sélection de pièces provenant dun dépotoir daté de la première moitié du Ve s. par la sigillée claire D (pas de monnaies).
Sig. cl. D : H. 61B (en qualité D2 ; cf. épave du Dramont E, où le même type est associé avec des spatheia et des monnaies du début du Ve s.) et 61A/B (datation controversée: Hayes = fin IVe s. ; Reynolds et Mackensen = première moitié du Ve s.), 73, 81 (forme majoritaire), 91 A.
Céramiques hispaniques tardives: en infime quantité.
Luisante : en grande quantité (Lamb. 1/3 et 14/26).
Communes importées : un fr. de mortier type CATHMA 1.
Céramiques communes: très peu de pâtes grises:
Lampes : africaines (Atlante VIII, variante à rosaces, fabriquée à partir du deuxième quart du Ve s. : cf. Mackensen) et imitations locales de modèles africains.
DS.P. : production marseillaise (f. 1 ; décor de palmettes) et languedocienne (une forme sur pied et une f. 18 à décor de palmettes).
Amphores : italiques (14/18, Keay 52 et une forme connue mais non répertoriée) ; africaines (majoritaires) Keay 35 ; orientales (minoritaires) : LRA 1 (col assez évolué, fonds de LRA 3, LRA 2 (1 ex. appartenant aux premières importations et un autre posant problème: var. connue à partir du VIe s.) ; bétiques : rares fragments ; indéterminée : un fr. avec une pâte pouvant provenir de la région dEphèse ; 1 fr. de Vila Roma 8/98 (Ve s. ; orientale ?).
Le verre, bien que léchantillon soit en très faible quantité, est homogène, de la coloration vert foncé caractéristique du Ve s ; on note un fr. de décor bleu typique de la première moitié du Ve s. ; en conclusion, le lot peut être daté du deuxième quart du Ve s.
Conclusion : Pour M. Bonifay, ce contexte est homogène (hormis un fr. damph. orientale LRA 2, var. tardive du VIe s., qui pourrait être une intrusion dans ce contexte de dépotoir) ; il pourrait être contemporain ou un peu antérieur à celui de Tarragone, en tout cas nettement antérieur à celui de La Bourse (Marseille, aire 1, période 1) et postérieur à celui du Clos de la Lombarde (Narbonne). D. Pieri propose une datation pour les amphores tournant autour du milieu du Ve s. Pour J. Piton, la Luisante est en trop grande quantité pour une telle date, il propose plutôt la première moitié du Ve s.
2. Plaza Minor.
Présentation de deux contextes datés du VIe s. : lun de construction, lautre dabandon.
a. Contexte de construction
Sig. cl. D : H. pseudo 59, 91A et C, 103.
Céramiques communes importées : marmite orientale à bord coupé de type CATHMA 7.
DS.P : f. 18 marseillaise ; décor darceau et de rouelle.
Céramique commune à pâte claire minoritaire par rapport à la céramique grise.
LRC ancienne.
Amphores : les amphores de Bétique ont disparu ; africaine: Keay 35 (résiduel) et 62, M 254 (? ; tripolitaine tardive); orientale: LRA 1(résiduel). Au moins la moitié du matériel amphorique est résiduel.
Verre : pied à tige (pas avant le Vie s.).
b. Contexte dabandon
Sig. cl. D : H. 61B (var. tardive de la deuxième moitié du Ve s. mais peut-être résiduelle), 104.
DS.P : f. 1 (avec pied et décor guilloché sur le fond).
Amphores: LRA 3.
En conclusion, ces deux contextes sont beaucoup plus hétérogènes que le précédent: le niveau dabandon semble contenir du matériel plus ancien que le niveau de construction.
3. Plaza Mayor, comblements de silos.
Sig. cl. D : H. 87/109, 98 ; décor de chrisme.
DS.P : f. 6 (orangée), forme apparentée à la f. 18, lissé sur le col (esspatulata).
Céramique commune importée : cruche globulaire africaine à fond ombiliqué.
Céramique commune grise et modelée.
Amphores : spatheia de petites dimensions, Keay 62.
Verre : bord de coupe épaissi.
Datation proposée: Vile s.
4. Autres contextes.
Deux lots provenant la Plaza Mayor et de la Plaza Minor et ayant comme caractéristique dappartenir à la couche recouvrant les niveaux tardo-antiques.
Céramique commune : céramique espatulata : céramique grise à pâte rouge ou grise, lissée sur le col et à anses larges, datées à Barcelone du Xe s. ; anse cannelée, décor au peigne, bec tubulaire (mais pas ponté).
Céramique réisiduelle : sig. cl. D (H. 87A).
II. NÉCROPOLE au nord de la cité romaine dAmpurias.
La fouille récente de cette nécropole sur le côté est dune voie a permis de distinguer sept phases dutilisation de la nécropole pour lépoque tardo-antique (IVe-VIIe s.) nous sont présentés les contextes des dernières phases.
La phase 4a se caractérise par une nécropole à inhumations : sur 14 sujets enterrés, 5 létaient en amphores, les autres en pleine terre ou en cercueil ou sous tuiles.
Un mobilier en faible quantité permet de dater lensemble du milieu du Ve s. : sig. cl. D (H. 80, 67, 61, 99 (la plus tardive), décor de style A), Luisante (Lamb. 1/3), DS.P (f. 1, 3, 4, 6 (en quantité), 13, 15 ; quelques formes sont décorées : plutôt style languedocien), céramiques communes locales. Les principaux types damphores identifiés sont : Keay 25, Keay 54 et Keay N, pour les africaines ; LRA 4 pour les orientales. Sur les 5 amphores ayant servi aux inhumations, 3 sont des africaines.
La phase 4b est caractérisée par labandon dune partie de la nécropole ; le mobilier est illustré par de la sig. cl. D (H. 59 (f. ancienne), 80, 91C, 99 (en quantité), décor de style E), un peu de Luisante et de la DS.P (f. 1, 4, 6, 9), des amphores africaines (Keay 35, 55 et 62). Datation de ce contexte : fin du Ve s.
La phase 5c est caractérisée par la construction dun grand bâtiment dont on ignore la destination et elle est documentée par un matériel plus abondant : de la sig. cl. D avec les f. H. 61, 67 (résiduelles) 73, 74, 76, 91C, 94, 97 et 104 (la plus récente), de la DS.P en grande quantité mais peut-être résiduelle (nombreuses f. 6, f. 18 marseillaise). Les céramiques communes sont représentées par des mortiers, des couvercles; décor ondé, parfois estampé. Les amphores présentent un catalogue très varié : amphores bétiques : amphores africaines (Keay 35, 55, 62 (la plus fréquente) et une var., 61.
La dernière phase peut être illustrée par lexemple du comblement dun puits, dont le mobilier est caractéristique des niveaux dabandon du VIIe s. : sig. cl. D : H. 104C et 109 ; amphores africaines : Keay 61, 62 var. tardive, Keay 8 (?). La céramique commune est abondante (marmites, pots, couvercles).
Discussion.
Pour la phase 4a, D. Pieri estime que lamphore LRA 4 est une forme intermédiaire connue dans la deuxième moitié du Ve s. et caractérisée par un fond tardif et les cannelures au niveau de lanse.
M. Bonifay pense quil y a un problème sur la f. de sig. cl. D H. 99, de la phase 4a, qui nest pas antérieure au VIe s. Apparemment, nos collègues espagnols nont pas la même opinion sur la datation de cette forme; toutefois X. Aquilué pense que la forme 99 est caractéristique du VIe s.
En ce qui concerne la phase 4b, M. Bonifay pense que la f. de sig. cl. D, identifiée comme une H. 91C est plutôt une H. 91B tardive et que lamphore identifiée comme une Keay 62 est en fait une Albenga 11/12. Le contexte pourrait être rajeuni et être daté du début du VIe s.
Vendredi 4 avril.
* Exposés dA. Puig sur plusieurs fouilles de Roses (site de la ville médiévale et site de Patio de Armas) : présentation de plusieurs contextes très tardifs (VIIe s. et Haut Moyen Age) où commencent à apparaître les céramiques espatulada avec les formes les plus tardives de sigillée claire D.
* Un autre exposé est fait sur les fouilles du monastère de Sant Pere de Rodes, où la céramique espatulada est présente dans des niveaux antérieurs à la construction du monastère du Xe s.
* Présentation de céramiques médiévales des XIIIe et XIVe s. provenant des fouilles du Castellô de Empuries. Dans le premier contexte : cér. grise grossière avec décor de poisson gravé à lintérieur, ou plus fine avec des molettes associées à des céramiques en pâte rouge glaçurées locales. Dans le niveau supérieur : moins de cér. grise, plus de glaçurées monochromes et apparition des faïences vertes et brunes de Barcelone et Valence.
On note également à Empuries quelques rares importations des graffito archaïque ligure et une petite cruche à glaçure verte dorigine indéterminée.
La séance sest terminée avec la visite du site et du musée (présentation grandiose en audio-visuel) et la visite détaillée des réserves.
La prochaine réunion aura lieu dans les locaux du LAMM, à Aix-en-Provence, le jeudi 29 mai 1997. R.V à 13 h 30.