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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 18 janvier 1996
Présents: S. Barberan, F. Bertoncello, P. Bet, S. Bleu, J. Bourveau, R.
Broecker, G. Demians dArchimbaud, G. et J.-B. Féraud, J.-C. Fontaine,
I. Ganet, M. Gazenbeck, C. Landuré, M. Leenhardt, L. Martin, C. Mercier,
F. Paillard, J.-P. Pelletier, D. Piéri, J. Piton, C. Richarté, J. et Y.
Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, M. Sciallano, J.-C. Treglia, F. Trial, L.
Vallauri.
Excusés: M. Bonifay, R. Boiron, N. Lecuyer, 0. Maufras.
Le Président de la CATHMA ouvre cette première séance en adressant ses voeux à lassemblée.
I. AIMARGUES (Hérault), Madame
(Fouille : 0. Maufras ; présentation du mobilier : C. Mercier, avec la collaboration de S. Barberan).
Reconnu sur le tracé du TGV Méditerranée, ce site (mentionné dans les textes sous le nom de Saint-Gilles-Le-Vieux à partir du XIlle s.) a livré un parcellaire antique et de vastes zones densilage du Moyen Age sur une superficie denviron 7000 m. La fouille a révélé une première occupation pendant lAge du Fer (mais mai caractérisée, car très ténue) ; pendant lAntiquité, un fossé comblé de déchets culinaires et de céramiques, caractéristiques de la fin du Ier s. et du début du IIe s., a pu servir denceinte ; cet enclos est associé à un réseau fossoyé correspondant à deux parcellaires dont les axes déterminent limplantation des aires densilages médiévales. 450 silos ont été repérés mais seuls 75 ont fait lobjet dune fouille. Aucun dépôt primaire na été retrouvé dans ces silos qui ont servi, en dernier lieu et pour la plupart, de dépotoir. Cette documentation abondante permet de supposer un habitat proche, en dehors de la zone fouillée.
Létude céramologique a permis de déterminer quelques grandes phases doccupation, dont les datations ont été confortées, en majeure partie, par une analyse au C14 :
- un lot daté VIIe-VIIIe s. (datation par comparaison avec le mobilier de Dassargues) : 86 tessons ; beaucoup de résiduel (quelques fragments damphores, céramique à pisolithes ).
Céramique kaolinitique exclusivement : bords 6D, 7A et 7B ; kao A29, A30 ; 1 décor à la molette, complexe, combinant losanges, triangles, traits obliques.
- un lot IXe-XIe s. (daté plus tard par J.-P. Pelletier) : 63 tessons ; 10 kao à cuisson réductrice ; 11 sableuses à cuisson oxydante une quinzaine de grise tendre ; 13 carolingiennes peintes de type 3 (résiduelle ou contemporaine ?) bords de type 2.
- un lot Xe-XIe s. (couche 242) 60 tessons une gourde (une vingtaine de cm de hauteur) bords type 3 en commune rouge ; 80 % de grise tendre ; la datation au carbone 14 donne une fourchette chronologique comprise entre 975 et 1070.
- un lot Xe-XIe s. : 90 % de pâte grise tendre dont un pot entier avec un décor de lignes polies obliques ; 3 pâtes sableuses ; 2 kao.
- le lot 241 pose un problème car la fourchette proposée par le C14 (VIIIe-IXe s.) ne colle pas avec la chronologie donnée par la céramique : XIe-XIIe s. Un bord de type 8 en grise tendre.
- US 320 : un pot pourrait être daté du Xe s.
- lot 248 : deux pots complets (Xe-XIe s.), dont une forme à deux anses et bec ponté.
En ce qui concerne les céramiques à pâte grise tendre (pâte peu dégraissée, très proche de la pâte calcaire), lespacement des zones de découvertes laissent présumer plusieurs ateliers répartis de Lunel jusque dans la haute vallée de lHérault.
En conclusion, il faut garder beaucoup de prudence pour les datations.
II. LANSARGUES (Hérault), Moulines
(Fouille et présentation du matériel : L. Martin).
Une fouille en transect, réalisée avant des travaux routiers, a permis dévaluer lextension et loccupation du village déserté de Saint-André-de-Moulines dans la basse plaine du Lunellois. Cette occupation est comprise pour lessentiel entre le Ve et le XVe s., un remblai dune épaisseur denviron 2 m séparant lAntiquité tardive du Moyen Age classique ; un habitat daté des XIIIe-XVe s. succède à une nécropole des IXe-Xe s., en cours de fouille (responsable, Lucas Martin).
Le matériel présenté correspond à des couches dhabitat de la dernière occupation, en liaison avec des murs en pierres sèches, un bâtiment incendié et une voie. Datation proposée : du milieu du XIIIe s. au XVe s. US présentées :
- Bâtiment en dur : 3168 (remblai), 3074 et 3131 (occupation), 3118, 3179 et 3180 (démolition).
- Bâtiment incendié : 4101 (en association, une monnaie dArchambaud, comte de Périgord (12051245).
- Fossé sous une voie caladée : 4124.
Les céramiques présentent une dominante de pâtes claires glaçurées de lUzège dans les couches doccupation où lon reconnaît aussi des faïences régionales peintes en vert et brun, de la céramique grise du type de la Seube et des pâtes calcaires.
Dans un remblai; dinstallation : un fragment de céramique rouge glaçurée et céramique grise ; début XIVE s.
Pour la nécropole : deux pots en pâte rouge glaçurée.
III. LES SAINTES-MARIES DE LA MER, Le Carrelet
(Fouille et présentation du matériel : L. Martin).
Trois sondages ont été réalisés en 1995 sur ce site déjà en partie fouillé par F. Benoît, en 1932-33. Localisé entre un bras fossile du Rhône et létang du Vaccarès, le site présente une série de bassins de salaison et des installations de forge, datés du Ve s. Il est réoccupé plus tardivement au Haut Moyen Age (céramiques grises provençales) par une nécropole (11 inhumations en pleine terre).
Un choix limité à trois US est présenté :
- US 152 (effondrement de toiture sur un bâtiment en structure légère) : Ve s.
- US 154 et 156 (couche de démolition sur latelier de métallurgie) : Ve s.
- US 164 (couche charbonneuse doccupation en liaison avec linstallation de métallurgie) : début du Ve s. On note : sigillée claire D : H. 64 ; H. 61 (forme de transition ; première moitié du Ve s.) ; amphores avec abondance damphores africaines et un fr. Dr. 23 ; beaucoup de Luisante ; beaucoup dafricaines de cuisine : H. 196, H. 197. Elles ne sont peut-être pas résiduelles ; grise: un bord de A6 (fin du VIe s.). DS.P. : quelques éléments marseillais ; deuxième moitié du Ve s. Une f. 43, connue à seul exemplaire à Saint-Blaise (rig. 2) ; arceau 200 (très fréquent, daté de la deuxième moitié du Ve s.) ; décor insolite de six pastilles en deux rangées sur un marli. Pas déléments languedociens.
IV. Prospection dans le DELTA DU RHÔNE
(Présentation C. Landuré).
Des prospections réalisées dans le cadre dun programme de recherche sur le Delta du Rhône, depuis 1994, ont permis de déterminer une trentaine de site ATHMA, essentiellement au nord de létang de Vaccarès.
Un choix limité est présenté :
- Mas Saint-Roch : un bord triangulaire HMA ou MA en céramique grise ; fragments de cér. kaolinitique.
- Mas Pilier: un bord variante A6 en grise (VIe s.).
- Mas Bon Accueil: sig. cl. D (H. 87) ; DS.P. (deux fr. dont une anse de grosse taille appartenantà un vase à liquide); grise (un bord A6 var. tardive: fin VIe-VIIe s.) ; beaucoup de céramiques mélangées (glaçurée du XIIIe s.).
- Tour de Valat: sig. cl. D (H. 104 ; peut-être un fond de H. 99) ; DS.P. (deux fr. dont un vase à liquide); grise (pas de fr. Antiquité tardive mais des bords à poulie Xe-XIe s; amphores (un fr. de panse damphore palestinienne (LRA 5 ou 6) fin VIe_VIIe, S.).
V. OLBIA, Îlot 6, Fosse 1025
(Présentation J.-C. Treglia).
A la suite de lincendie de lentrepôt et du magasin de lîlot VI, vers le début du le s., cet espace parait avoir une fonction de cour en rapport avec un habitat, au sud, jusquà labandon définitif du site, vers le début du VIIe s. De nombreuses fosses, sans doute liées à une activité artisanale et dont le creusement ne remonte pas au-delà du Ve S., sont comblées au plus tard à la fin du VIe s.
La fosse 1025, située dans la zone dhabitat, coupe plusieurs niveaux de sol. Son comblement uniforme livre un matériel important caractérisé par une forte proportion de céramiques résiduelles (34,6 %). Les vaisselles méditerranéennes importées (claires C et D uniquement : H. 61A et B, variantes tardives, H. 87B, 91 et 99 -, un fond décoré dun chrisme Eii) représentent 10,8 % du vaisselier, valeur qui avoisine celles des contextes marseillais (6,5% pour le sondage 10 et 9,4 % pour les sondages 11 et 12 à La Bourse) et ceux de Saint-Blaise (13,5 %). La présence de la coupe H. 99A/B (no 1) associée à un exemplaire de la variante tardive du plat H. 61B (no 2) tendrait à dater le remplissage de la fin du Ve s. ou du début du siècle suivant. Les vaisselles africaines constituent ainsi la part la plus importante des vaisselles fines. La DS.P., vraisemblablement marseillaise, nest en effet présente quà hauteur de 7,1 % représentée surtout par les bols Rigoir 3a et 18.
Représentant 47,3 % du matériel, les céramiques communes semblent surtout dominées par les productions importées (32,9 %), notamment celles de la région de Vintimille (no 5) aux côtés desquelles figurent quelques formes africaines (Cathma 13). La céramique commune grise, peut-être importée depuis Marseille (no 3, f. A3 ; n° 4, f. B) offre une valeur proche de celle de la DS.P. (7,3 %). Enfin, le bon état de conservation de la céramique modelée (no 6) écarte une partie des tessons de cette catégorie du matériel résiduel.
En conclusion, ce lot très réduit présente de nombreuses analogies avec le contexte de la Porte dOrée à Fréjus.
VI. AUTOROUTE A.51, commune de Ventavon, Saint-Ariès
(Fouille : I. Ganet ; présentation du mobilier P. Bet et S. Bleu).
Une petite part (lextrémité est) dun établissement rural établi près de la voie Domitienne, mais en grande partie sous la N.85, a été fouillé (automne 1995) dans le cadre du tracé de lautoroute A.51.
Un grand bâtiment (70 m de long) a été mis au jour, bordé à lextérieur par un long caniveau (cour ? remise De manière générale, le matériel résiduel est très important ; les engobées sont nombreuses ainsi que les monnaies. Absence totale de cl. D et de céramique importée, à lexception de deux ou trois africaines de cuisine ; 15 % de cér. kaolinitique.
- US 08 : les céramiques grises ne présentent pas de caractéristiques propres à lAntiquité tardive ; 4 DS.P. régionales. Contexte daté du IVe s.
- US 03 (comblement du caniveau) ; une DS.P. ? ; grise : un bord dolla régionale, variante A3, et une anse très large appliquée contre la lèvre ; Luisante : Lamb. 1/3 ; engobée : var. 18 guillochée, (tendance vallée du Rhône). Ce contexte semble plus récent que le précédent.
VII. BEDOIN, Village
(Présentation du mobilier : C. Richarté).
Il sagit dune découverte fortuite à lintérieur du village actuel ; un four a été mis au jour lors daménagements, dans le jardin dun particulier qui a prélevé un échantillonnage du comblement.
De nombreuses formes complètes en céramique commune grise kaolinitique ont été recueillies. Les pots présentent des bords en bandeau avec des lèvres en poulie très anguleuses. Les fonds sont plats ou légèrement bombés. Deux variantes de becs pontés ont été repérés : un à gorge, lautre avec un bord plus arrondi. Une forme inconnue, allongée, à fond arrondi et présentant un trou rond découpé avant cuisson est peut-être un pot à nicher ou une mangeoire (cf. céramique populaire en Espagne). Quelques décors sont digités.
Datation : au plus tôt, Xe-XIe s. daprès comparaisons avec les productions régionales étudiées par I. Bonhoure.
VIII. BEDOIN, Les Bruns
(Fouille : C. Richarté, F. Trial ; présentation du mobilier : C. Richarté). Il sagit dune villa établie en terrasse dont une petite partie de la pars rustica a été fouillée. Le mobilier présenté provient dun petit four construit tardivcment et appartenant aux dernières phases doccupation de la villa (la stratigraphie suggère une datation de la fin du IVe-Ve s.).
Les céramiques, scellées au mortier, tapissaient lintérieur du four (dont on ne connaît pas la destination mais qui, a priori, na pas cuit de poteries). Elles ont conservé leur couleur dorigine (pâte claire) et leur utilisation dans ce contexte semble être due à leur qualité réfractaire. Elles pourraient provenir dun atelier proche.
Les formes ouvertes comme fermées annoncent le répertoire cuit en réduction dont les formes carénées (B) rappellent celles utilisées comme creusets. Matériel associé : amphores hispaniques (Dr. 23) et africaines.
Plusieurs contextes liés aux dernières phases doccupation et dabandon de la villa sont ensuite vus rapidement; le matériel, actuellement en cours détude, fera lobjet dune nouvelle présentation.
Des échantillons des céramiques des deux sites (Moyen Age et Antiquité tardive) ont été confiés à M. Picon pour analyse. Bédoin, site de production est, dautre part, bien connu par les textes depuis le Moyen Age jusquà nos jours (H. Amouric) et un des derniers fours en activité au début du siècle est encore en élévation à lentrée du village, dans la plaine.
IX. NIOZELLES, Saint-Alban
(Présentation du site: J. Bourveau ; présentation du matériel : J.-P. Pelletier).
Jeannine Bourveau-Ravoux, au cours de prospections, a découvert un site distinct de la motte fouillée par D. Mouton. Au lieu-dit Saint-Alban, la tradition orale évoque une ancienne chapelle. Un chapiteau datable du Xle s. a été remployé dans une maison. Un ramassage de surface dans les champs alentour a fourni des céramiques protohistoriques, divers tessons de lAntiquité et de lAntiquité tardive (sud-gauloises, claires B et Luisantes, engobées, communes claires).
Pour les Ve-VIe s., les DS.P. sont représentées par quatre tessons dont un fragment de col de f. 18, guilloché (deuxième moitié du Ve s. ?), vraisemblablement dorigine marseillaise. Une panse globulaire décorée darceaux et de palmettes inédits ne paraît pas être attribuable à une forme connue.
Les communes grises sont classiques avec aussi des productions dApt à surface noire et un rebord caractéristique du VIIe s. (forme A 10). Les communes grises sont abondantes pour la période Xe-XIe s., avec des formes équivalentes à celles de la motte (fonds bombés, bords simples et en poulie, bec ponté, quelques décors à la roulette).
X. LAMANON, Calès
(Présentation du site : J.-C. Fontaine ; présentation du mobilier: Y. Rigoir).
Situé à quelque 7 km au nord de Salon, lhabitat de hauteur de Calès occupe une surface dune centaine dha. Une association locale, Calès-Saint-Denis sapplique à aménager et protéger ce site fragile et spectaculaire. Il a été occupé depuis lAge du Bronze jusquau XVIe s. Ce site na jamais fait lobjet de fouilles malgré labondance des témoignages matériels. La céramique présentée provient de ramassages de surface.
Aucune sigillée claire D, à lexception dun fragment de lampe, mais les DS.P. sont abondantes : une centaine de tessons. Deux fragments dinspiration languedocienne figurent parmi les productions marseillaises majoritaires. Les formes dassiettes sont presque à égalité avec les bols, ce qui est rare sur un site rural. La moitié des bols sont des f.18 ; on dénombre seulement 4 mortiers ; le vaisselier se complète de deux vases fermés, un couvercle et peut-être un pied de lampe.
La moitié des poinçons est inédite. Deux cols de f. 18 sont ornés en double registre, type daté par Florence Coeur-Mezzoud postérieurement à 450 ; deux panses sont imprimées de la variante 205 de la série des arceaux complexes. La rouelle 47, imprimée sur un marli de f. 1, est le seul poinçon marseillais reconnu comme importé dans le Languedoc. La moitié des poinçons est inconnue.
XI. EYGUIÈRES
(Présentation du matériel : J.-P. Pelletier).
Quelques formes complètes de pots à fond bombé, dont deux à anse, bec pincé et décor lissé, découverts dans le niveau dabandon (daté par une courbe nette de 900-950 par le C. 14 - Centre de datation par le radiocarbone de Lyon, analyse LY-7271) du puits de la villa Saint-Pierre 1 dEyguières.
Dans la même couche ont été recueillis deux seaux en bois, lun monoxyle taillé dans une loupe de chêne vert, lautre constitué de douves de pin cerclés de joncs refendus.