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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 17 mars 1995
Présents :M. Bonifay, C. Dovis, J.-B. Féraud, M. Haxhimihali, M.-P. Jezegou,
L. Long, L. Martin, F. Paillard, D. Pieri, J. Pournot, C. Richarte, F. Richez,
J. et Y. Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, J.-C. Tréglia, G. Volpe.
Excusés : G. Demians dArchimbaud, M. Leenhardt, J.-P. Pelletier, J. Piton,
L. Vallauri.
I. ÉPAVE SAINT-GERVAIS II
(présentation: M.-P. JEZEGOU).
1. Présentation.
Cette épave1 a été découverte, en 1978, dans la zone de construction du port de plaisance de Fos-sur-Mer. Elle est située à environ 200 m du rivage et à 2,50 m de profondeur, sur le vaste dépotoir caractéristique du golfe de Fos qui se constitue depuis lAntiquité.
Le matériel recueilli est donc hétérogène. La cargaison de ce petit bateau (une quinzaine de m de longueur) na pas été identifié ; il sagit probablement dun commerce de redistribution.
En ce qui concerne le matériel de lAntiquité tardive quaurait transporté ce bateau, il semble avoir en partie été scellé sous de la poix que les amphores brisées au moment du naufrage auraient laissé échapper, vers le milieu du navire. Ce matériel appartient plutôt à la vaisselle de bord quà la cargaison. Pour le reste, trouvé à lavant comme à larrière du bateau, les intrusions de matériels plus anciens et plus récents laissent planer un doute sur son appartenance à lAntiquité tardive ; il en est ainsi pour une monnaie dHéraclius.
2. Le matériel.
La céramique : cl. D H. 109 à paroi fine ; lampe africaine Atlante X à décor de fleuron, très dégénérée ; un fragment de céramique vitrifiée avec un graffiti ; une cruche africaine.
Les amphores : Keay LXII et VIIIA ; un petit spatheion; une forme LRA 6 (forme tardive, non antérieure au début du VII s., en Orient ; présente dans les niveaux omeyades, en Syrie).
La datation de ce contexte pose problème. Daprès M. Bonifay, il faudrait le rapprocher du contexte fouillé par C. Pellecuer à San Peyre (bien daté grâce à la découverte dun sceau coufique daté entre 650 et 750), où lamphore Keay VIIIA est associée à des amphores Keay LXI classiques mais également à une amphore globulaire quon rencontre, entre autres, à Ostie et qui est datée de le fin du VII-début du VIII s. Le même type de lampe que celle de lépave Saint-Gervais Il a également été découverte. Dans les contextes tardifs de La Bourse, associés à des formes H. 109 à paroi épaisse (VII s. ou deuxième moitié du VI s.), on ne trouve pas damphores Keay VIIIA. A Jedidi, lamphore Keay VIIIA a été rencontrée avec des Keay LXI de type classique dans un contexte dabandon, elle a pu être associée avec une monnaie de Constantin IV (670).
En conclusion, daprès G. Volpe, il faut rester très prudent quant à 1utilisation de ce contexte, comme référence pour la datation.
II. SOLENZARA, Corse (présentation: M.-P. JEZEGOU).
Le site a été découvert, à 6 m de profondeur, dans la paroi dun talus de posidonies qui sérode. Il sagit, selon toutes probabilités, dun site terrestre inondé et partiellement détruit puis entraîné par la crue dune rivière. Le matériel a été emporté avec des galets et sest finalement déposé à quelque 200 m du rivage. Il est scellé par une couche de posidonies de 2 m dépaisseur.
Le matériel est extrêmement roulé mais on peut reconnaître en cl. D les formes H. 61, 91C et des frag. damphores LRA 1 et 2. Présence de matériel résiduel (sigillée claire A, etc.).
Un lot de monnaies en bronze du IVe s. a également été ramassé.
III. ÉPAVE LA PALUD
(présentation: L. Long et G. Volpe).
Lépave a fait lobjet de sondages en 1979-80, puis dune fouille en 1993-95.
Elle se situe à une profondeur de 6 ou 7 m ; une arête rocheuse est la cause du naufrage. Lessentiel de la cargaison a été piégée dans le creux du rocher, sous 1 m de stratigraphie. Sous cette épave en a été repérée une autre, datée du VIe s. av. n. è.
Le chargement était probablement de 200 à 300 amphores. Si les formes Keay LV et LXH sont majoritaires, un petit lot damphores orientales peut être rattaché au fret même si quelques types, peu connus et représentés à un seul exemplaire, laisse subsister un doute sur leur appartenance à la cargaison ou à la vaisselle de bord.
Cette vaisselle de bord comprend quelques formes de sigillée claire D. Un objet rare : un coffret en bois qui sert de rangement à une balance et un poids monétaire à leffigie de deux têtes impériales dont il subsiste, pour le moment, quelques doutes quant à leur identification : peut-être sagit-il dHéraclius et Constantin (vers la fin du VIIe s.) ou, selon C. Brenot, de Justin Ier et Justinien (en 527) ou de Justin II et Sophie.
1. Les céramiques.
a. Sigillée claire D : H. 78 (?), 88 (qui napparaît pas de façon fréquente à Carthage avant le second quart du VIe s.), quelques petits fragments de H. 103, un grand plat de H. 104, un bord de H. 99.
b. Céramique commune : très peu déléments hormis un fragment de pseudo modelée.
c. Phocéenne tardive : 2 petits fragments de H. 3C (fin Ve-début VIe s.).
2. Les amphores.
a. Les amphores africaines.
Les
fouilleurs ont pris le parti de classer le matériel amphorique en leur
attribuant un numéro de type qu'ils rattachent par la suite aux typologies
publiées. Cela permet de mettre en valeur les variantes qui ne sont pas forcément
rattachables à la typologie de Keay.
D'une
manière générale, les amphores africaines représentent 90 % de la cargaison
; deux amphores sont majoritaires : les Keay LV et LXII.
- Type 1 Keay LVA traditionnelle, la lèvre est fondue dans le col.
- Type 2 Keay LVB plus petite.
Les Keay LV sont représentées par 29 cols.
- Type 3 : Keay LXIIA classique, avec la lèvre inclinée. Sur ce type
seulement, plusieurs christogrammes ont été incisés avant cuisson ; peut-être
s'agit-il d'une marque d'ateliers (de l'Église ? l'État ?).
- Type 4: Keay LMI, avec une lèvre un peu plus verticale. Décors ondés
qu'on ne trouve jamais sur le type 3.
- Type 5 : Keay LXIIQ (Albenga 11 - 12), à col renflé sous la lèvre. 26
exemplaires on t été remontés. L'un d'eux avait conservé son bouchon
(environ 120 opercules ont été retrouvés ; ils sont en général taillés
dans des parois d'amphores africaines, quelques exemplaires l'ont été dans des
amphores orientales ; la partie convexe est toujours placée à l'intérieur, ce
qui évite les problèmes de contamination quand il reste de la poix sur la
paroi).
Les Keay LXII sont représentées par 62 cols.
Les types qui suivent ne sont répertoriés qu'à un ou quelques exemplaire(s).
- Type 6 : la forme générale ressemble à une républicaine tardive avec un
col de Keay LXIIA.
- Type 7 : amphore de petit format entre Albenga 11 - 12 et Keay LXII.
- Type 8 : (2 ex.) peut-être à rapprocher de la Keay LXI (cf. exemplaire trouvé
dans le puits de la Joliette).
- Type 9 : (1 ex.) amphore de grande dimension à lèvre arrondie ; pas une pâte
typiquement africaine.
- Type 10 (1 ex.) : amphore de grande dimension; un exemplaire de cette forme
est publié par C. Panella pour Carthage.
- Type 11 (1 ex.) : lèvre épaisse, arrondie, bien soulignée.
- Type 12 (1 ex.) : amphore de petit
format ; décor d'une ligne autour du col et un graffiti en forme d'étoile un
petit trou également à la base du col. Les petites anses rappellent la forme
Almagro 51 A/B. Pour les amphores africaines, au moins 5 types de fonds ont été
répertoriés dont 2 peuvent être mis en relation avec les Keay LV (types 1 et
2) et trois autres types avec les Keay LXH.
Pour
résumer : les types 1 et 2 sont représentés par 29 cols et 26 fonds ; les
types 3, 4 et 5 par 62 cols et 60 fonds.
b.
Les amphores orientales.
Elles
représentent entre 9 et 10 cols de la cargaison.
- LRA 1 : (3 ou 4 ex.) type Egloff 164 (VIe s.) ; poissées.
- LRA 2 : (5 ou 6 ex. dont 1 presque entier) ; non poissées.
- LRA 4 : (1 ex. presque entier) type tardif (VIe s.) à lèvre haute.
- LRA 5: au moins 2 ex.
Quatre
amphores de petit module sont présentes à un exemplaire seulement :
- Robinson M 273 ;
- 1 ex. avec lèvre inclinée, qui ressemble beaucoup à la forme Keay LXII mais
avec une pâte inconnue
- 1 petit module qui pourrait aussi être une cruche africaine bi-ansée ;
- 1 fragment de fond ombiliqué qui pourrait appartenir à une amphore de type
globulaire (VIIe s.) comme à une cruche de grand format.
3.
Éléments de discussion pour la datation.
La
céramique et les amphores Keay LXII et LRA 1 permettent d'attribuer une
datation au milieu ou dans la deuxième moitié du VIe s. à ce
contexte. Selon L. Rivet, l'absence de l'amphore Keay LXI ne veut rien dire.
Le problème du chargement de ce bateau se pose également. Il transportait de
l'huile et un peu de vin oriental (Grégoire de Tours cite le vin de Gaza). Ce
n'était pas, semble-t-il, une grosse cargaison (le bateau mesurait une
vingtaine de m.). Il semble évident,
selon L. Rivet, qu'un bateau ne peut pas transporter tout ce qui est produit à
une époque donnée. On est sûr que
la forme Keay XLII a été produite au moins dans une vingtaine d'ateliers ; se
pose le problème de sa plus ou moins rigoureuse standardisation, aussi bien au
niveau de la morphologie que de la contenance. Sur le bateau, deux variétés de
Keay LXII étaient transportées.
La
prochaine réunion aura lieu le vendredi 7 avril 1995 et se tiendra dans la
salle de manipulation du L.A.M.M. à l'Université de Provence à
Aix-en-Provence (R.V. à 13h3O). Le sujet de la séance est consacrée au
mobilier autre que céramique : chacun est prié d'amener du matériel
(tabletterie, métal, etc.).