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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 10 février 1995
Présents : S. Bien, M. Bonifay, M. Bouiron, F. Coeur-Mezzoud, F. Conche,
G. et J.-B. Féraud, F. Gateau, A. Hesnard, F. Paillard, F. Parant, J.-P.
Peilcticr, D. Pieri, J. Pournot, C. Richarié, J. et Y. Rigoir, J.-C.
Treglia.
Excusés : G. Demians dArchimbaud, R. Guéry, M. Leenhardt, J. Piton, L.
Rivet, S. Saulnier et L. Vallauri.
La séance sest déroulée à Marseille
dans les locaux du dépôt de fouilles municipal, rue Roger Salengro, puis
dans ceux du Fort Saint-Jean.
I. PLACE JULES-VERNE
(présentation du site: A. Hesnard ; présentation du
matériel : M. Bonifay, D. Pieri).
Le matériel du chantier de la place Jules-Veme na pas encore fait lobjet dune étude détaillée mais il permet déjà, à lissuedunexamen rapidede quelques sacs de tessons, de compléter léchelle chronologique des céramiques de lAntiquité tardive à Marseille.
En effet, quels étaient, jusquà présent, les contextes utilisables dans cette ville ?
On connaissait tout dabord ceux publiés sur le chantier de La Bourse pour le second quart ou le milieu du Ve s. (aires 1 et 2, période 1) et pour la fin du VIe s. et/ou le VIIe s. (aire 2, périodes 2B et 3 ; sondage DIII, périodes 4 et 5, cf. Bonifay 1983 et 1986, Cavaillès-Llopis 1986, Piéri 1993).
Ensuite, des travaux récents nienés soit sur le même site (sonda-e DIV2-3/DIII15, périodes 3 et 4, cf. Coeur-Mezzoud 1994), soit en dautres points de la ville (puits de la R.H.1. du Bon-Jésus et puits du Cap Titol, cf. Reynaud 1993, Piéti 1993, Boiron et al. 1994), avaient permis déclairer la seconde moitié du V s. Finalement, la période la moins bien représentée se révélait être celle du plein VIe s., lépoque justinienne (chantier de La Bourse: aire 1, période 2A.3 et 2A.4, sondage DII15, période 3), par ailleurs excellemment documentée sur dautres sites comme Saint-Blaise (Démians dArchimbaud 1994) ou Sainte-Propice (Boixadera et al. 1987).
De fait, le matériel de la place Jules-Veme complète cette échelle chronologique à ses deux extrémités. Nous ne ferons quévoquer la limite haute, illustrée par les ultimes niveaux de comblement du port dans le secteur JV 10. Ces niveaux nont pas été étudiés mais un sondage effectué sur deux ou trois sacs de la gigantesque US 64 révèle des contextes avec des sigillées africaines de type D dans un répertoire de formes de la fin du IVe s. (H. 59, 61 A, 67) ou plus vraisemblablement du début du Ve s. (H. 80,9 IA ou B), des amphores africaines cylindriques de moyenne dimension, des amphores hispaniques mais peu damphores orientales et, curieusement, une sigillée Luisante abondante alors que la DS.P. est rare ou même inexistante.
les contextes présentés ci-après, qui appartiennent à lextrémité la plus basse de léchelle chronologique actuellement disponible à Marseille, sont issus du secteur JV 4. La stratigraphie de lAntiquité tardive se divise ici en trois états, du plus ancien au plus récent : Tardo-romain 3, 2 et 1. Seuls les deux derniers ont été étudiés. Le matériel peut, demblée, être daté du VIe s. (africaine D H. 109) mais il présente des différences avec le matériel également daté du VIIe s. sur le chantier de La Bourse. Ainsi :
- les formes H. 109 sont toutes du type à parois minces et à décor lustré, alors que celles de La Bourse (tout comme celle publiée à Saint-Blaise) ont des parois épaisses et ne portent pas toujours le décor lustré ;
- les amphores africaines sont plutôt du type Keay LXI alors que dominent à La Bourse des variantes tardives du type Keay LXII; on distingue également des fgts de type Keay VIIIA et L, ainsi que dassez nombreux fragments de spatheia tardifs de petite dimension, plutôt rares à La Bourse ;
- parmi les céramiques communes dimportation, on remarque plusieurs marmites du type dit de Constantinople (Hayes 1993, 54-55, Ware 3. type B) absentes des niveaux les plus tardifs du chantier de La Bourse ;
- enfin, apparaissent en quantité non négligeable des éléments damphores globulaires à fond ombiliqué, certaines avec des pâtes africaines, dautres avec des pâtes fines pouvant être orientales ou dorigines diverses. Ces petits conteneurs sont maintenant bien attestés en Italie, notamment dans des contextes de la fin du VIe s. et du début du VIIIe s. (Paroli 1994).
Ces critères de différenciation sont certes difficiles à manier mais ils semblent concorder pour placer les contextes VIIe s. du secteur JV 4 après ceux du chantier de La Bourse. Dans ces conditions, deux solutions soffrent à nous . ou il faut vieillir la datation proposée à La Bourse, puisque finalement le terminus post quem offert par les monnaies nest pas postérieur au milieu du VIe s., ou il faut placer les contextes de la place Jules-Veme dans un VIIe s. plus avancé. Létude des verreries par Danièle Foy tendrait, par comparaison avec des objets du nord de la France, à placer ces contextes à la fin du VIIe s. voire même au début du VIIIe s. Cette datation ne serait pas foncièrement en désaccord avec ce que lon commence à savoir des céramiques de la deuxième moitié du Vll s. en Méditerranée (Carthage : Hayes 1978 ; Istanbul : Hayes 1993 ; Syrie : Sodini-Villeneuve 1992). Dans le midi de la France, on hésite encore, par manque de critères objectifs (monnaies), à risquer des datations aussi tardives (voir cependant Pellecuer-Pùne 1993), tout conune en Ligurie sur le site de Sant Antonino di Perii, dont le faciès est très comparable à celui de la place Jules-Verne (Sant Antonino 1988 et 1992).
Bibliographie :
-Boiron et al. 1994 : R. ROIRON, Ph.CHAPON, P. REYNAUD, Chr. DURAND, Marseille, tunnel de la Jotiette, dans Bilan Scienlifique, Service Régional de lArchéologie PA.C.A., 1993. p. 120-121.
- Boixadera et al. 1987 : M. BOIXADERA, M. BONIFAY, J.-P. PELLETIER, J. et Y. RIGOIR et L. RIVET, Lhabitat de hauteur de Sainte-Propice (Velaux, B.-d.-Rh.). Loccupation de lAntiquité, tardive, dans Documents dArchéologie Méridionale, 10, 1987, p. 91-113.
- Bonifay 1983 : M. BONIFAY, avec la collaboration de J.-P. PELLETIER, Eléments dévolution des céramiques de lAntiquité tardive à Marseille daprès les fouilles de La Bourse, dans Revue Archéologique de Narbonnaise, XVI, 1983, p. 285-346.
- Bonifay 1986 : M. BONIFAY. Observations sur les amphores de Marseille daprès les fouilles de la Bourse (1980-1984), dans Revue archéologique de Narbonnaise, XIX, 1986, p. 269-305.
- Cavaillès-Llopis 1986 : M.-T. CAVAILLES-LLOPIS, Céramiques de lAntiquité tardive à Marseille (corne du port antique, sondages DII 1 1 et DII 15), dans Documents dArchéologie Méridionale, 9, 1986, p. 167-195.
- Coeur-Mezzoud 1994: F. COFUR-MEZZOUD, Etude de la vaisselle de lAnliquilé tardive dans la corne duport antique de Marseille (sondages DIV 21DIV 31DIII 15). Mémoire de Maîtrise dhistoire de lArt et Archéologie (dactylographié), Université dAix-en-Provence, 1994.
- Démians dArchimbaud 1994: G. DEMIANS DARCHIMB AUD (dir.), Loppidum de Saint-Blaise du Ve au VIIe s., Documents dArchéologie Française, 45, 1994.
- Hayes 1978 : J. W. HAYES, Pottery report-1976, dans J. H. HUMPHRES (éd.), Excavations ai Carihage 1976 conducted by the University of Michigan, IV, 1978, p. 23-98.
- Hayes 1992 : J. W. HAYES, Excavations ai Saraçhane, Il. The Pottery, Princeton, 1992.
- Paroli 1993 : L. PAROLI, Produzione e circolazione di ceramiche tardoantiche cd altomcdievati ad Ostia e Porto : Porto (Fiumicino), Area II-2000, dans L PAROLI et P. DELOGU, La storia economica di Roma nellallo Medioevo alla luce dei recenli scavi archeologici, Actes du Séminaire (Rome 9-3 avril 1992), Biblioteca di Archeologia Medievale, Florence, 1993, p. 931-246.
- Pellecuer-Pène 1993 : C. PELLECUER et J.-M. PENE, Bouquet/San Peyre, Suzon (Gard), dans C.A.T.H.M.A. (M. Leenhardt, C. Raynaud et L. Schneider coord.), Céramiques languedociennes du haut Moyen-Age (VII-XIe s.). Etudes micro-régionales et essai de synthèse, dans Archéologie du Midi Médiéval, 11, 1993, p. 150-151.
- Pieri 1992 : D. PIERI, Amphores de lAntiquité tardive à Marseille (corne du port antique, sondages DII 11 et DII 15) analyse stratigraphique et typologique, Mémoire de Maîtrise, Université dAix-en-Provence, 1992.
- Piéri 1993 : D. PIERI, Amphores tardives du puits 995 (Marseille, îlot 39N, R.IIJ. du Bon Jésus), Mémoire de D.E.A. dHistoire et Civilisation de lAntiquité et du Moyen-Age, Université dAix-en-Provence, 1993.
- Reynaud 1993 : P. REYNAUD. Marseille, RHI du Bon-Jésus, Ilot 39N, dans Bilan Scientifique, Service Régional de lArchéologie P.A.C.A., 1993, p. 137-138.
- Sant Antonino 1988 : E. BONORA, C. FALCETTI et FOSSATI, G. IMPERIALE. T. MANNONI, G. MURIALDO et G. VICINO, Il castrum tardo antico di Antonino di Perti, Finale Ligure (Savona) : Fasi stratigrafiche e reperti dellarea D. Seconde notizie pretiminari sulle campagne di scavo 1982-1987, dans Archeologia Medievale, XV 1988, p. 335-396.
- Sant Antonino 1992 : E. CASTGLIONI, G. CUPELLI. C. FALCELM, F. FERRETN. A. FOSSATI. R. GIOVINAZZO, G. MURIALDO, T. MANNONI, P. PALAZZI, M. PANIZZA, L. PARODI, R. RICCI, G. VICINO, Il Castrum tardoantico di S. Antonino di Perti, Finale Ligure (Savona) : terze notizie preliminati sulle campagne di scave 1982- 199 1, dans Archeologia Medievale, XIX, 1992, p. 302-314.
- Sodini-Villencuve 1992 : J.-P. SODINI et E. VILLENEUVE, Le passage de la céramique byzantine à la céramique omeyyade en Syrie du Nord, en Palestine et en Transjordanie, dans La Syrie de Byzance à lislam, VIIe-VIIIe siècles, Actes du colloque international (Lyon-Paris, 11-15 septembre 1990), 1992, p. 195-212.
Liste des contextes présentés :
Tardo-romain 2 :
US 78
: beaucoup de résiduel (Ve s.) ; sig. cl. D : H. 105, 99C, pas de
109 ; marmite à listel interne globulaire, à col large et à deux anses de
Constantinople (Hayes 1993, Ware 3, type B) ; com. grise moins importante
: quelques éléments de la première moitié du VIe s. ; DS.P. : formes plus
ou moins classiques 18 et 25 ; les culinaires importées dominent.
Pour les amphores : africaines.- Keay 61C (de mauvaise qualité: pâtes très
altérées,jaunâtres et orangées, vacuolaires), Keay 62,
VIIIB, 50 ; orientales
: LRA 5 (Palestine), Gaza (type 2), LRA 1 (type 2), LRA 7 (Egypte) très
représentée (pâte chocolat, très lourde), spatheion de petites dimensions.
Unguentarium tardif (VIe s. ; cf. Hayes 1993, Late Roman Unguentarium,
p. 8-9).
US 76
- sig. cl. D : H. 109, deux assiettes à parois minces et une autre
à parois épaisses, H. 105 ; sig. cl. C , com. grise : en proportion très
faible (comme la DS.P.), formes de la première moitié du VIe s. : fonds
grossiers de petit diamètre (cf. Gardanne), pas de mortiers (alors quils
sont courants au VIe s.) ; DS.P. - peu de décors, beaucoup de mortiers
de f. 29, f. 18 ; commune importée : modelée de Pantelleria, marmites égéennes
et de Constantinople.
Pour les amphores africaines ; spatheia de petit module et bord damphore
globulaire, orientale : LRA 5 et 7.
US 89 : sig. cl. D plutôt première moitié du VIe s., rien de tardif ; com. grise : bord A6 en pâte gris clair à surface noire (rhodanienne ?), une f. de cruche à goulot vertical ; com. importée ; DS.P. : beaucoup de mortiers (29), jatte à lèvre F.75 à marli en T ; petite amphore globulaire.
US 80
: sig. cl. D : H. 99C, 105, 109 ; DS.P. : f. 25 et 29, pâte à cuisson
mixte; pierre ollaire; amphores globulaires, LRA 5 (pâte du Nil ; VIIe -Xe s.
?).
Proportion de vaisselle très faible , le résiduel est plutôt VIe s.
Tardo romain 1 (couche supérieure)
US 116 (sommet de létat) : pot globulaire en commune brune micacée (connu à Marseille, au XIIe s., mais retrouvé à Saint-Maximin (Xe-XIIe s.) et à Sainte-Barbe (à la fin du XIIe s.) ; com. grise de lAntiquité tardive toujours résiduelle.
II. TUNNEL DE LA MAJOR (présentation du site : M. Bouiron ; présentation du matériel: F. Parent).
Lopération du Tunnel de la Major est liée à un projet dinfrastructure de la Ville de Marseille, reliant le Tunnel sous le Vieux-Port et lAutoroute du Littoral. Les sondages géologiques ou archéologiques déjà réalisés révèlent clairement la topographie naturelle du site, fortement modifiée au XIXe s. : la place de la Major, au débouché des rues de la Cathédrale et Four-du-Chapitre, est le lieu de jonction des pentes de la butte Saint-Laurent, au sud et des Moulins, à lest. Daprès certains sondages, un talweg a peut-êtrc existé dans laxe de la rue Four-du-Chapitre. Un peu au nord, la Vieille Major est bâtie directement sur une avancée rocheuse qui se terminait sur lanse de lOurse par une falaise.
Deux sondages archéologiques denviron 3 x 3 m ont été réalisés au nord et à louest de la Mairie dc Secteur. Le sondage 1, du côté de la rue Vaudoyer, présente une stratification régulière appuyée sur les remparts, à une vingtaine de m. à louest. Trois arasements laffectent, correspondant à la mise en place des habitats de lépoque augustéenne, de la fin de lAntiquité et de lépoque moderne, ce qui entraîne des hiatus importants. La période de lAntiquité tardive est une des mieux préservée :
Premier état : arasement, construction de M 23 et sol doccupation 150.
Ce mur, dont lélévation (disparue) est liée au mortier et contient entre autre des blocs de remploi, est fondé sur de gros blocs liés par de la terre riche en céramique (contexte 152). Datation : Ve s.
Deuxième état : démolition de M 23 et sol doccupation 130.
Labondante céramique recueillie dans ce sol (couche 137) permet de lattribuer à la deuxième moitié du VIe s. La fin de cette occupation est marquée par le creusement et le comblement dune grande fosse 145, peut être durant le VIIe s.
Troisième état : remblaiement et sol doccupation 106.
Un remblai de 0,80 m dépaisseur (couches 128, 120 équivalente à 115) rehausse lhabitat, mais le peu de céramiques recueillies, exclusivement de lAntiquité, tardive, ne permet pas davancer une datation. Le sol 106, marqué par une pellicule dargile pure sur un fin remblai compact 114, nexiste pas dans la coupe ouest, il est arasé et remplacé par le sol 117, dépoque médiévale.
US 137 (sol) : sig. cl. D : 104C ? : L R C ; DS.P. : mortier 29 à parois minces (donc récent), col de cruche ; com. grise : fond à diam. réduit, coupelle nombreux fragments damphores dont des orientales (deuxième moitié du VIe s.).
US 115 : présence dune tuile dimportation dans ce niveau de démolition.
III. RUE LECA (présentation du site : F. Conche ; présentation du matériel : S. Bien).
Une première approche du mobiler de la période romaine tardive de la rue J.-F. Leca, suggère une fréquentation du site dans le courant du VIe s. Le matériel abordé, lors de la séance met en évidence, sans toutefois la réserve dun comptage plus rigoureux, une forte proportion de céramique commune grise, prinicipalement issues du grand groupe de pâte de Gardanne. Les ollae et les coupelles appartiennent dans leur ensemble au VIe s., les formes plus tardives (type A6, AIO) napparaissent que plus anecdotiquement. Quelques formes archéologiquement complètes apparaissent dans la stratification, notamment une amphore palestinienne de type LRA4, une forme H. 99D et un plat H. 50 en sigillée claire C. Une étude plus approfondie permettra de mieux préciser ces premières données.
Couche 2022 : sig. cl. D : Mackensen 18, fond décoré style El Mahrine Il (poinçon en forme de coeur) ; cér. com. grise proche de Gardanne ; marmite égéenne.
Couche 2007 : sig. cl. D : H. 99B (complète (poinçon illisible), I-I. 103, 87B; cér. com. grise comparable à celle de la couche précédente; amphore africaine type Albenga 11-12. En DS.P., un fond dassiette présentant la palmette 728, poinçon marseillais fréquent, accompagné deux fois, peut-être, comme ici, du cerf 221 ainsi quune forme nouvelle à carène haute.
Couche 2004 : sig. cl. D : H. 93 variante; amphore LRA 5.
IV. LA BOURSE, SONDAGES 11 et 12
(présentation : J.-C. Tréglia).
Implantés sur le côté oriental de la Corne du port, les sondages 1 1 et 12 fouillés en 1979-1980 par M. Bonifay, A. Kauffmann et R. Huynh livrent une stratigraphie complexe au sein de laquelle il est possible disoler deux états.
Le premier correspond au comblement de la darse par un envasement massif (Période 1) que suivent deux phases densablement (Période 2), processus sédimentaires auxquels se mêlent des apports anthropiques (utilisation de la Corne du port comme dépotoir).
Le second état (Période 3), cest-à-dire loccupation de cet espace par des aménagements sommaires (fosses, foyers et sols, murets) intervient peu après le début de lassainissement du terrain (les damages caractéristiques de tessons damphores, de vaisselles et dos témoignent indirectement de la nature encore très humide des premiers sols).
Parmi le volume important de tessons livrés par ces contextes, les vaisselles de table et les céramiques communes représentent à peu près 1/10 du volume total, les amphores étant majoritaires.
Les comptages (en nb de tessons) révèlent la suprématie de la céramique commune grise1 (35,8 %) que suit de près la DS.P. (33,9 %). Viennent ensuite les céramiques communes importées (16,4 %), les vaisselles méditerranéennes importées (9,7 %), la Luisante (0,3 %). Enfin, la part réduite du matériel résiduel (3,6 %) garantit la fiabilité de ces lots.
1. Les vaisselles méditerranéennes importées.
La sig. claire D représente plus de 86 % des vaisselles méditerranéennes
importées. La sig. claire C classique, très probablement résiduelle
dès le début de la périodisation, nest présente quà 3,3 % alors que la
production tardive C5 (H. 84 et 85) lest à hauteur de 1,8 %. Enfin, la
sig. phocéenne tardive (H. 3C) représente le plus petit pourcentage avec
1,4 Les lampes (Atlante VIII et X) offrent pour leur part un peu plus de
7 %.
La présence dans la Période I des formes de sig. claire D H. 50B var., 61A
et B, 64, 73A, 76 et Fulford 37.1 permet de dater cette phase denvasement
vers le milieu et la seconde moitié du Ve s.
Marquée par lapparition des formes H. 87A et B, 12/102, 104A et Fulford
35.7, la Période 2 est aussi caractérisée par la présence dun grand nombre
de tessons de la forme 61 B (54,5 %), dont quelques exemplaires de la variante
tardive. Tous ces éléments accréditent une datation de la fin du Ve s.
(monnaie de 455-470) et de la première moitié du VIe s.
La Période 3 voit lapparition de nouvelles formes de sig. claire D dont
les plus caractéristiques sont H. 91D, 99C, 102, 105, 107 et 108 (associées
à un fond dunguentarium), 109 qui, en accord avec les éléments issus des
autres sondages de la corne du port, assurent une datation de la seconde
moitié du Ve s. à la première moitié du VIIe s.
Confirmant les observations établies par M. Bonifay (Aire 1) et M.-T. Cavailles-Llopis
(sondages 6 et 7), il semble que la part de la sig. claire D augmente de
façon très nette à lextrême fin de la périodisation, au détriment de la
DS.P.
Typologiquement, la pérennité du plat H. 61 B est une fois de plus confirmée
au-delà du milieu du Ve s., alors que, dans un sens contraire, lapparition
du plat H. 104A semble devoir être située beaucoup plus haut dans le temps,
probablement vers la fin du Ve s. où on le rencontre couramment associé
au bol H. 12/102 (La Bourse: sondage 10 ; Saint-Propice).
2. Les DS.P.
Mis à part quelques rares accidents de cuisson, la majorité des tessons
sont gris et la plupart dentre-eux sont décorés de guillochis ou de motifs
au poinçon. En augmentation jusquà la Période 2 (de 16 à 18 %), la part
des tessons décorés chute soudainement dans la Période 3 (5 %), phénomène
quY. Rigoir met sur le compte de lessor des formes utilitaires en fin
de périodisation. En effet, même si le vaisselier garde sa suprématie
tout au long de la périodisation, la part des ustensiles tels que le bassin
25 ou le mortier 29 est en augmentation constante depuis la Période 1.
Ainsi, hormis un très petit nombre de décors ondés sur quelques panses
de forme 25, la plus grande partie des décors se développe sur les différents
services de table, assiettes, coupelles, bols et cruches.
Lensemble de ces décors est dominé par les rouelles (46,3 %), que suivent
les palmettes (29,3 %), les arceaux (14,6 %) et les colonnettes (4,9 %).
Quelques poinçons plus rares (cerfs, pastilles, carrés, croix monogrammatique,
oiseau) complètent ce répertoire varié.
Les services à marli (f. 1, 2, 3a, 3c) apparaissent surtout à partir de
la Période 2 et portent très souvent un décor sur le marli ou sur le fond.
Comme Y. et J. Rigoir2 lont montré, il semble que la configuration spécifique
de lun et lautre de ces supports (le marli offre une surface étroite,
courbe et parfois convexe alors que celle du fond, plus large, est le plus
souvent plane) influence le choix du type de poinçon. Ainsi, la presque
totalité- des marlis (88 %) est décorée de rouelles alors que les fonds
présentent en majorité, des palmettes (53,3 %), des rouelles (20 %), des
motifs circulaires de cerfs (20 %) ou des colonnettes (6,6 %).
Les bols, qui correspondent à la majorité des formes du vaisselier (soit 47,6 %) sont surtout représentés par les f. 18 (52,6 %), 18a classique en Période 1, puis par la variante 18b tardive en Période 2. La f. 9, bol à listel, est présente à 7,7 %, suivie par les bols de f. 6 (6,4 %), 15a (3,8 %) et 16 (3,8 %). Le reste se répartit entre les formes indéterminées (24,3 %) et la forme 17 (1,2 %). On peut constater la faible représentation des f. 6, dé . à établie à La Bourse par M-T. Cavailles-Llopis3 (6,6 % dans les sondages 6 et 7) et F. Coeur-Mezzoud4 (3,4 % dans le sondage 10), par rapport aux contextes languedociens du clos de la Lombarde5 où le bol représente 49 % en production orangée et 26,5 % en production grise. De la même façon, N. Nin mentionne la forte présence de la f. 6 à Aix sur le chantier des Thermes6.
La décoration des bols se développe le plus souvent à mi-panse et se compose en majorité de palmettes (35,8 %). Les arceaux (essentiellement sur les bols) représentent 28,9 % et semblent être attachés plus précisément à la f. 18. Les rouelles (26,3 %) occupent ici la troisième place, devant les colonnettes (5,3 %) et le poinçon marseillais de cerf 221 (2,6 %). Le p oinçon à loiseau 4457, connu à Glanum, est également présent sur un fr. de panse caréné.
On constate à partir du milieu de la périodisation, une évolution de la pâte de la DS.P. et de la qualité des traitements de surface, ceci devant probablement être mis en relation avec lorientation nouvelle de la production vers les formes utilitaires. En effet, confirmant des faits établis précédemment dans la corne du port, la pâte des DS.P. des sondages 1 1 et 12 devient plus grossière dans la Période 3 et leur surface paraît moins soignée. Ce faciès DS.P. tardif est aussi caractérisé par lapparition des formes à bec tubulaire. Ainsi, si la nature des pâtes de la DS.P. reste calcaire, la vaisselle provençale semble néanmoins se rapprocher de la céramique commune grise par sa facture et par lévolution typologique qui laffecte.
3. Les céramiques communes.
Avec 1457 tessons, la commune grise (1000 tessons) et les communes importées (457) représentent plus de la moitié de leffectif total des sondages 1 1 et 12.
a. La céramique commune grise.
J.-P. Pelletier constate que la forme B3 est présente dès la Période 1 associée à un mortier, éléments qui accréditent la datation proposée par la sig. cl. D (milieu et seconde moitié du Ve s.). De la même façon, les formes de la Période 2 semblent confirmer la datation de la fin du Ve et de la première moitié du VIe s. On y rencontre en effet deux formes rares présentes à La Bourse (Aire 1), Saint-Blaise, Saint-Julien-les-Martigues et à Gardanne7 dans des contextes similaires. La Période 3 est marquée par lapparition de formes de transition, associées à de plus anciennes (f. B3 et D). Les premières tendent à renforcer le témoignage de la claire D qui situe cette séquence de la seconde moitié du VIe s. au début du VIIe s.
b. Les céramiques communes importées.
Originaires dItalie, dAfrique du Nord ou de Méditerranée orientale, la présence marquée de ces céramiques (16,4 clo) à Marseille témoigne une fois encore de la vitalité des relations conunerciales de la cité gauloise avec lensemble des régions du Bassin méditerranéen durant lAntiquité tardive. Pour L. Vallauri, qui a examiné ce lot en juin 94, ce dernier sinsère parfaitement dans la chronologie proposée par la claire D.
Ainsi, la Période 1 livre de nombreuses formes typiques du Ve s. provençal8 notamment le mortier 1 (classification C.A.T.H.M.A.) et la marmite 3 associés aux cruches 2, 6 (cruche à anse torsadée) et 12. Toujours très représentée, la marmite 3 accompagne dans la Période 2 de nouvelles formes telles que le mortier africain 10 ou des formes sans doute produites en Ligurie. Enfin, dans la Période 3, les marmites 5 et 13 (Ligurie) et le mortier 21 semblent renforcer la datation donnée par la claire D du milieu du VIe au début du VIe s. Notons dans cette dernière séquence, la présence dune forme languedocienne (KAO A29) attestée notamment à Laudun9.
La prochaine séance se tiendra le 17 mars 1995 au Fort Saint-Jean (R.V.
à 10 h) présentation du matériel provenant dépaves.