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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 27 janvier 1994

Présents : S. Bien, 1. Bonhoure, M. Bonifay, R. Boiron, M. Bouiron, P. Chapon, F. Coeur-Mezzoud, N. Coulinet, G. et J.-B. Féraud, F. Gateau, C. Gébara, L. Martin, M. Moermann, F. Paillard, F. Parant, J.-P. Pelletier, D. Piéri, J. Proust, P. Reynaud, C. Richarté, J. et Y. Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, L. Vallauri.
Excusés : G. Demians d’Archimbaud, M. Leenhardt, J. Piton, J. Pournot.


1. MARSEILLE, TUNNEL DE LA JOLIETTE
(R. Boiron, p. Chapon, C. Durand, D. Piéri, P. Reynaud)

Les travaux d’aménagement du tunnel de la Joliette (800 m de long entre la rue R. Schuman et le bd. de Dunkerque) ont amené la redécouverte de l’ancien littoral nord-ouest de Marseille. La fouille d’un puits situé sur le Cap Titol (entre la rue Leca et le bd. des Dames) permet d’avoir, à ce jour, le seul témoin relatif à l’occupation de cette zone pour la fin de l’Antiquité.

Le puits (7002), conservé sur une profondeur de 6,85 m (jusqu’à la cote -0,85 m N.G.F.), avait un diamètre interne de 0,82 m et présentait un cuvelage en moyen appareil, bâti en moellons régulièrement taillés et assisés à joint vif. Son comblement, caractérisé par des apports de terres environnantes contenant des éléments de destruction, laisse supposer qu’il appartient à une habitation dont aucune empreinte ne subsiste.

Les divers remplissages, et notamment le contexte 7004 (compris entre -3,50 et -5,30 m), ont livré environ 700 tessons, très fragmentés, caractéristiques de la fin de l’Antiquité.

1. Les sigillées claires africaines : catégorie représentée par 36 tessons dont 6 en cl. D et 1 en C5. On trouve des formes de la première génération : H. 61B (var. tardive), 62, 67, 76, 81 A, connues dans la première moitié du Ve s., et des formes 82-84 et 12/102 qui apparaissent vers le milieu de ce siècle. La plupart de ces formes semblent coexister encore jusque dans le troisième quart du Ve s. et peut-être au-delà.

2. Les Dérivées-des-Sigillées Paléochrétiennes : cette vaisselle comprend 230 tessons dont 37 bords et 22 fonds.

Les formes les plus fréquentes : bol 18, vase 25 (5 bords) assiette 4 (3 bords). Les formes 1, 3 et 29 sont aussi présentes en proportion égale (2 bords). La plupart de ces frag. sont de facture soignée mais certaines formes comme le bol à marli 3c et le mortier 29 sont de fabrication rustique. Les décors répertoriés sur 27 frag. sont connus par ailleurs guillochis et palmettes sur une forme 18, arceaux n° 199 et 200, doubles rouelles sur des frag. de anses, dépressions digitales sur une forme 3c. La faible quantité de ce matériel n’est pas représentative ; toutefois, quelques indices (prédominance des formes 18) le situeraient dans le courant du Ve s. ou le début du VIe s.

3. La céramique commune locale : 325 frag. parmi lesquels 23 bords et 19 fonds. 13 bords appartiennent à des marmites de types A1, A3, A3, 5 à des coupelles de types B1, B2, B3 et 5 à des couvercles de type E ; 2 frag. d’anses. Les pâtes sont assez fines, de couleur gris clair dans les cassures à gris moyen ou gris-noir en surface. Les comparaisons régionales situent ce mobilier au Ve s. et dans la première moitié du VIe s.

4. Les céramiques communes importées : une centaine de tessons très fragmentés dont 1 bord de casserole H. 197, 1 bord de marmite CATHMA 13, 2 couvercles et de nombreux frag. de marmites d’origine ligurienne, 1 bord de plat modelé d’origine italique et plusieurs frag. de panses de marmites d’origine orientale. Cc type de vaisselle est connue au Ve s.

5. Les verres : une centaine de petits frag. de couleur olivâtre, verte ou incolore. 4 bords sans lèvre appartenant à des coupes ou des gobelets, 2 pieds coniques, 1 anse nervurée de cruche ainsi qu’ 1 frag. décoré de pastilles bleues sont connus au Ve  s.

6. Le matériel amphorique (D. Piéri). Un minimum de 39 vases-conteneurs a été identifié. Les amphores constituent l’ensemble le plus important avec plus de 2412 frag. qui se répartissent en quatre groupes et nous retrouvons, selon un schéma qui devient maintenant classique pour nos régions, la rivalité entre les productions africaines et celles venues d’Orient.

1994-27-01a 1994-27-01b 1994-27-01c 1994-27-01d
 

%a TT

% BFA

% NMI

Africaines

49.5

68

50

Orientales

34.

25

31

ludiques

0.5

0

6

Indéterminées

16.

7

13

Nb. d’éléments

18.29

28

16

Parmi les productions africaines, on note la présence d’une association d’objets particuliers et rarement rencontrés en Méditerranée nord-occidentale. Ces formes appartiennent presque exclusivement à la famille complexe des amphores cylindriques de grande dimension :

- n° 1 : bord de Keay LXII A (col à étranglement ; bord évasé à lèvre triangulaire pendante ; 13,5 cm de diam. à l’ouverture ; argile orangée et surface blanc-jaunâtre). Cette amphore, fréquemment rencontrée sur les sites tardifs, est essentiellement attestée dans les niveaux du VI’ s. comme à La Bourse où elle ne semble pas apparaître avant le début de ce siècle.
- n° 2 : col de type Albenga n° 11 (2 ex. au moins dans le puits). Pâte singulière, brun-orangé, très sableuse et orange foncé en surface. Le diamètre des bords varie entre 13,4 et 14 cm. Connue également sous la dénomination de Keay LXII Q, cette amphore pose un grand nombre de problèmes, à la fois typologiques et chronologiques : la forme du bord et du fond diffère de celle des variantes LXII classiques (col tronconique très légèrement cassé ; bord à large carène convexe surmonté d’une petite lèvre triangulaire ; fond longiligne simple ou à large renflement comme c’est le cas pour les exemplaires du puits). Ce conteneur est mal daté puisque les références oscillent entre la première moitié du Ve et le VIIe s. Il semble plutôt caractéristique de la seconde moitié (ou de la fin) du Ve et de la première moitié du VIes.).
- n° 3 : col de type Albenga n’5 (Keay LX-LXI). A notre connaissance, trois sites seulement ont livré des exemplaires de ce type : Albenga, Tarragone ainsi que les niveaux étudiés par Keay en Catalogne. Les datations proposées sont dans l’ensemble fausses (car elle est souvent assimilée au type Keay XXXV plus ancien). Nous proposons la seconde moitié du Ve et le début du VIe s.
- n° 4 : col complet (forme Joliette A). La pâte est typiquement africaine : orange vif, dure. Le col est cylindrique et se termine par un bord, légèrement détaché, concave et plus épais dans sa partie supérieure.

Même si, morphologiquement, cet exemplaire se trouve à la charnière entre les variantes A et B du type VIII de Keay, rien ne permet de l’assimiler à ceux-ci.
Les amphores orientales sont moins bien représentées (plus fragmentées et mal conservées). Une grande partie des types répertoriés par Riley sont présents : LRA 1 (Egloff 169), 3, 4 et 5. La forme Carthage Late Roman Amphora 5, qui vient numériquement au second rang après le type LRA 1, est illustrée par le col n° 5. I1 s’agit d’une variante particulière de l’amphore syro-palesti-syrienne (petit module ; bord court et mince ; argile beige-gris). En France, ce vase-conteneur n’est attesté que très rarement et seulement dans le courant du VI’ s. (on le connaît exclusivement d’après la variante classique à pâte sableuse orangée et à bord mi-haut ; cf. Marseille-Bourse). En revanche, nous pouvons comparer cet exemplaire avec celui récemment découvert à Marseille dans un contexte du dernier quart du Ve s. (puits 225 du Bon-Jésus), qui semble lui être analogue.

Toutes ces formes sont caractéristiques du Ve s. Néanmoins, il s’agit d’amphores mal connues et mal datées jusqu’à présent. L’association particulièrement homogène de plusieurs types permet d’avancer comme datation la fin du Ve s. et les premières décennies du siècle suivant.

2. PLACE DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE
(présentation du site par M. Bouiron et du mobilier par C. Richarté).

L’importance des céramiques résiduelles dans les niveaux médiévaux suggère un bouleversement massif des remblais (assèchement du secteur ?) attribués à l’Antiquité tardive lors de la construction du faubourg au XIIIe s. Ce mobilier se compose de 358 frag. de cér. fines et 2364 frag. d’amphores1. Les contextes correspondent aux remblais perturbés à l’exception du contexte 751.

Chronologie du site


3. LA BOURSE, SONDAGES D.IV.2, D.IV.3, DJ1I.15
(présentation par F. Cour-Mezzoud4)

Ces trois sondages, situés dans le secteur nord-ouest de la corne du port antique, ont été fouillés par M. Bonifay, en 1979 ; la fouille a été arbitrairement arrêtée à la cote -I m N.G.F. Il a été possible d’établir des connexions entre les sondages et on peut proposer une stratigraphie en six périodes.

1. Monnaies : une trentaine ont été collectées pour l’ensemble des périodes (étude C. Brenot) et permettent d’attribuer des termini.

2. Sigillée claire D

Catégorie (env. 550 tessons) très fragmentée par rapport à d’autres cér. ; l’analyse par période permet d’apporter les éléments de datation.

3. Dérivées-des-Sigillées Paléochrétiennes

L’étude des DS.P. (6098 frag.), a consisté en une analyse de toutes les formes principalement représentées dans toutes les périodes (formes 1, 3, 4, 6, 18, 25 et 29, ainsi que les fonds d’assiettes et les cruches), dans le but de déterminer des groupes et de discerner une évolution à l’intérieur de chaque forme. Le décor a été étudié en parallèle pour essayer de voir s’il y a une corrélation entre évolution de la forme et du décor.

1994-27-01e

1994-27-01f

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