Téléchargez le fichier PDF |
CATHMA
Compte rendu de la réunion du 14 avril 1994 à Laudun (Gard)
Présents : M. Bonifay, D. Carru, J. Charmasson, D. Goury, 1. Houpin, A.
Leclaire, M. Leenhardt, C. Michel dAnnoville, C. Pellecuer, J.-M. Pène,
D. Piéri, J. Piton, J. Proust, C. Raynaud, J. et Y. Rigoir, L. Rivet, D.
Rouquette, S. Saulnier, J.-C. Tréglia, L. Vallauri.
Excusés : F. Coeur-Mezzoud, G. Demians dArchimbaud, G. et J.-B. Féraud,
N. Lecuyer, J.-P. Pelletier, C. Richarté, L. Schneider.
Avant dentamer la séance, D. Goury nous convie à une visite du Musée de Laudun.
Les fouilles récentes réalisées autour du forum du Haut-Empire, près dune poterne de lenceinte augustéenne, ont mis au jour une grande fosse à métallurgie riche en scories de fer (Espace 8, sondage 15, US 6/8). A la fin de son utilisation, cette fosse a servi de dépotoir, livrant un abondant mobilier essentiellement céramique. Hormis un lot de poteries résiduelles des occupations antérieures du site, aisément identifiables par laspect usé et par la typologie, près dun millier de fragments concernent lAntiquité tardive.
Cet ensemble présente deux intérêts majeurs, dune part lexcellent état de conservation des poteries livrant de nombreuses formes complètes, dautre part la présence dans la couche dun trémisse franc à leffigie dAnastase, monnaie peu courante, datée de lannée 520 et fournissant un précieux terminus post quem pour la constitution du lot.
Lassemblage céramique se caractérise en premiere approche par la prépondérance des céramiques conununes représentant plus de 75 %, suivies des amphores tandis que la vaisselle fine est presque absente (35 fr. ; cf. graphique). Cette dernière est dominée par la sig. claire D, représentée majoritairement par des types du Ve s. (H 87A et B, 9 1) mais aussi par des types plus caractéristiques du VIe s. (H 97 et 104A). La céramique estampée grise apparaît timidement, avec essentiellement des productions rhodaniennes et peut-être un vase dorigine provençale, mais le loi reste peu typé. Quant à la céramique Luisante, elle nest représentée que par un petit lot de tessons résiduels.
Les amphores sinscrivent dans la même fourchette et se partagent entre les productions orientales (LRA la, 2a et 5) et africaines (types 62a et 62q).
Par leur abondance (près de 300 vases identifiés), les céramiques communes constituent un ensemble de référence majeur pour la basse vallée du Rhône, venant compléter et étayer les enseignements des fouilles de Lunel-Viel, Pataran et Lombren, avec lesquelles de nombreux parallèles sont possibles. Deux productions sont attestées : les céramiques à pisolithes dune part, très minoritaires et peut-être même résiduelles, et les céramiques kaolinithiques prépondérantes (plus de 90 %). Celles-ci possèdent un faciès nettement antiquisant où les formes ouvertes sont très fréquentes malgré la domination des vases fermés. Ces derniers sont essentiellement des umes-olloe, dune typologie bien connue où dominent les bords en bandeau, types KAO A29 et voisins (Typologie DICOCER, cf. Lattara 6), et quelques autres formes comme 1ume à lèvre aplatie A2 1, ou à lèvre quadrangulaire A19. Une cruche F8 est aussi présente, proportion comparable à ce qui a pu être observé à Nîmes/Rue de Sauve, Lombren ou Saint-Blaise. Les formes ouvertes sont quant à elles dominées par les traditionnelles marmites carénées à lèvre en amande, ici amande effilée du type B32 aux multiples variantes, et par les petits bols hémisphériques B28, aux stries caractéristiques soulignant la lèvre. Ces formes, héritées du Ve s., voisinent avec une innovation, le bol caréné B31 à col haut et bord mince, production appelée à une utilisation plus tardive. Les gobelets cylindriques 16 sont aussi bien attestés.
Lensemble des éléments de datation livrés par la céramique a été soumis à un essai de datation statistique par le logiciel Typocer mis au point par M. Py (cf. Lattara 5) et donne une fourchette serrée entre 520 et 530. Si le terminus post quem, confirmé par la présence de la monnaie de 520, peut être retenu sans difficulté, il paraît plus prudent délargir la fourchette jusquau milieu du VIe s. pour tenir compte de la présence des amphores les plus tardives, notamment orientales.
Cest donc un contexte du second quart du VIe s. que nous offre loppidum de Laudun, document qui vient à point sinsérer dans la série des lots étudiés en Languedoc oriental mais jusquà présent mal servis en éléments de datation. On peut désormais mieux caler les faciès antérieurs aux années 520 (Pataran, Lunel Viel), ceux du second quart (Nîmes/Sauve, Lombren) et ceux postérieurs au milieu du siècle (habitat de Dassargues : cf. CR de la réunion CATHMA du 15 avril 1993 à Lunel-Viel) et ateliers de Masmolène et Bollène-Jonqueirolle). Soulignons en particulier labsence significative, dans cette série de plus de 150 vases, des bords à crochet interne du type A25, forme produite dans latelier de Bollène (Thiriot 1986). Cela constitue un indice précieux pour affiner la datation des céramiques communes au sein du VIe et du VIIe s., périodes pour lesquelles on ne dispose pas toujours de poteries importées.
La publication de lensemble de Laudun est en préparation.
2. LOMBREN REVISITÉ (fouille J. Charmasson; présentation CI. Raynaud)
La fin de la réunion a été consacrée au réexamen dune partie du mobilier des fouilles anciennes de loppidum de Lombren, qui présente de nombreuses similarités avec celui de Laudun mais sen distingue par la présence de for-mes plus anciennes et par une plus large fourchette de datation, entre le milieu du Ve s. et le milieu du VIe s. Sur ce dernier site, dont les céramiques communes font lobjet dune nouvelle étude dans larticle de la C.A.T.H.M.A.-Languedoc (Archéologie du Midi Médiéval, 10, 1993), on relève la présence dun riche ensemble de céramique estampée grise susceptible de renouveler la définition des faciès régionaux pour la vallée du Rhône.
Cette catégorie, que lon serait tenté de baptiser valentinoise parce que signalée la première fois par A. Blanc à Valence, se distingue des Ab autres productions connues dans la vallée du Rhône par sa couleur généralement gris verdâtre et son engobe qui se desquame par petites écailles. Une forme dassiette lui est particulière (fig. ci-contre) ainsi que les guillochis arrondis. Des tessons trouvés à Saint-Georges-Les-Bains (Ardèche), quartier de Mars, par E. Durand, portent des empreintes de poinçons inédits qui rattachent bien cette série aux DS.P.
Une visite du site du Camp de César à Laudun a ensuite été conduite courageusement par Dominic Goury, sous une pluie battante et glacée.
Pour la prochaine réunion, les 19 et 20 mai, R.V. à Port-Vendres, le jeudi à 14 h, au pied de lobélisque (à proximité du port). Présentation du matériel durant laprès-midi ; le lendemain matin, matériels de Ruscino et dElne.
M. Bonifay propose de coordonner les choses sur le plan pratique (lui téléphoner au 42.59.26.83).