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CATHMA
Compte rendu de la séance du 27 novembre 1992

Présents: C. d’Annoville, S. Bien, R. Boiron, P. Boissinot, M. Bonifay, R. Broecker, P. Chapon, F. Cœur-Mezzoud, G. et J.-B. Féraud, B. Garnier, C. Gébara, R. Guéry, M. Leenhardt, O. Maufras, L. Martin, F. Paillard, J.-P. Pelletier, D. Pieri, J. Piton, J. Pournot, J. Proust, C. Raynaud, P. Reynaud, C. Richarte, F. Richez, J. et Y. Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, L. Vallauri, M. Vecchione, F. Villedieu.
Excusés: G. Demians d’Archimbaud, F. Gateau.

I. MARSEILLE, SAINT-BARNABE, CAMPAGNE LALLEMAND
(Philippe BOISSINOT et Catherine RICHARTÉ).

Fouille de sauvetage urgent menée du 15 avril au 15 juillet 1992 sur une surface d’environ 600 m2 située dans une propriété du quartier Saint-Barnabé, au nord-est de la ville de Marseille.
La fouille est divisée en deux secteurs: au nord se trouve une occupation Ier-II° s. av. J.-C., au sud a été découvert un ensemble daté de l’Antiquité tardive.
Le matériel présenté est issu du secteur sud. Il a été sélectionné et correspond au niveau recélant un mobilier caractéristique et suffisamment abondant pour être exposé.
D’une manière globale, le mobilier se compose comme suit: la céram. représente 77,5 % et le mobilier amphorique 22,5 %.

A l’intérieur de la catégorie des céramiques, les proportions sont les suivantes :

Catégorie

 Nb.tessons

Pourcentage

Sig. Claire D

37

1.60

DS.PP.

539

 23.10

Luisante

9

0.40

Sig. Claire C

11

 0.47

Sig. Claire B

12

0.50

Sig. Claire A

10

0.40

Afr. de cuisine

 82

3.51

Sud-gauloise

30

13

Aretine

9

0.40

Campanienne

14

 0.60

Paroi fine

1

0.04

Rouge Pomp.

1

0.04

Lampe

1

0.04

C. engobée

32

1.40

C. grise

 355

15.20

C. brune

2.49

10.60

Cul. micacée

4

 0.20

C. à pâte claire

917

39.30

Autre

22

 0.90

Total

2335

100.00

  La couche 13 correspond à un remblai préparatoire à l’aménagement d’un sol vraisemblablement détruit par les labours successifs. Elle comporte 13,57 % de DS.P.P. dont une majorité de f. 18, quelques f. 6 ainsi que des f. 25 à décor ondé qui semblent caractéristiques des ateliers marseillais. La sigillée claire D, peu représentée (0.64 %), correspond plutôt à des formes que l’on rencontre à partir de la première moitié du Ve s. (H. 58, 68, 61B et 91). Cependant un tesson fait exception et pourrait être plus récent: une hésitation entre les formes H. 76 et H. 104 nous ramènerait jusqu’au troisième quart du Ve s. Une monnaie, dont la titulature est illisible, mais dont l’iconographie correspond à un type romain tardif, semble également aller dans ce sens. La cér. com. grise (9.37 %) est affirmée par des f. A1 et A2 “classiques”. Seule une f. A3 et une f. B, vraisemblablement plus tardives, ont été recensées. En ce qui concerne le matériel amphorique (14.35 %), sont présents les types africains de moyenne dimension (2A, spatheion) et les amphores orientales (LRA 1 et 3 et Keay XXV, variante G) qui, à l’instar de la sig. cl. D nous donnent comme terminus ante quem non la deuxième moitié, voir même la fin du Ve s.

La couche 04 est un remblai qui scelle les couches 05 et 06. Elle est composée de 24,42 % de DS.P. de la première génération avec une majorité de coupelles à marli de f. 3a, quelques f. 18 et un mortier du type 29. La sig. cl. D est représentée à 1,16 %, notamment par un fr. H. 81 apparaissant vers les années 450. La sig. cl. B/Luisante représente 0,58 % de la masse. La cér. com. grise compte 11,05 % de l’ensemble avec une production de facture encore assez grossière. La cér. com. représente 41,9 % (dont 0,40 % de brune). Enfin ont été recensés 16,86 % d’amphores, tous types confondus.

La couche OS contient 5,77 % de DS.P. attestée par un bol f. 18, la sig. cl. D compte 1,92 % (informes). La com. grise représente 5,77 % et les com. à pâte claire et brune dominent avec 59,61 % de la masse. Les amphores sont présentes à 21,15 %. Demeurent quelques tessons de sud-gauloise et d’africaine de cuisine classés dans la catégorie des cér. résiduelles (5,76 %).

1992-27-11_01 1992-27-11_02

La couche 06 compte 21 % de DS.P. se rapportant à des f. 3a et 18, 17,4 % de com. grise dont la pâte est grossière, 34,8 %o de cér. com. À pâte claire et 26,8 % d’amphores, en majorité africaines.

La couche 40 se trouve au nord du mur 44 et peut être interprétée comme un niveau d’abandon, vraisemblablement contemporain de 013. Elle recelait 15,28 % de DS.P. avec, essentiellement, des f. 3a, 15, 18 et 25 de la première génération. La sig. cl. D (informes) ne dépasse pas 3,05 %. La sig. B/Luisante est très peu représentée avec 0,87 %, ainsi que la sig. cl. C (1,74 %), cl. A (0,87 %) et l’africaine de cuisine (2,18 %). La sud-gauloise (1,31 %) vient grossir le nombre des céramiques résiduelles : arétines et campaniennes (0,87 %). La com. engobée est également minoritaire (2,18 %). La com. grise (9,6 %) est attestée par des f. d’ollae de type A1 et A2 ainsi que par un couvercle de f. E. La cér. à pâte claire et brune (10,9 %) est omniprésente avec 37,55 %). Le matériel amphorique (africain et oriental -LRA 1-, et italique -Keay LII- compte 24 % du total.

La couche 45, antérieure à la construction du mur 44 est un remblai régularisant la surface du sol attenant à M.44 ; elle montre 12,4 % de DS.P., représentées par des f. 3a, des assiettes f. 8 et enfin par un vase à conserver de f. 25. Un fragment de sig. cl. D (0,77 %) de f. H. 61B apparaissant vers 400/450 est attesté. 1, 55 % de sig. cl. C et autant de cl. A ont été comptés. 10,85 % d’africaine de cuisine, 1,55 % de sud-gauloise, 0,77 % de campanienne, 0,77 % de com. engobée, 13,95 % de com. grise (o11oe et un couvercle f. E),12,4 % de com. à pâte brune (quelques tessons ligures), 29,46 % de com. à pâte claire, 13,95 % d’amphores orientales (LRA I et VI), africaines et autres types encore mal définis.

En conclusion, de cet examen, se dégage un consensus pour dire que rien de postérieur à la deuxième moitié du Ve s. n’a été clairement mis en évidence.

II. MARSEILLE, CORNE DU PORT ANTIQUE (sondages D.II-11 et D.II-15).
LES AMPHORES DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE (Dominique PIERI).

Lors de la réalisation des travaux d’aménagement du “Jardin des Vestiges”, plusieurs interventions de la Direction des Antiquités ont été nécessaires sur le chantier de la Bourse, notamment en 1979, permettant de mettre au jour un matériel céramique important, et ce sous la direction de Michel Bonifay.

Les deux sondages, dénommés D.II-11 et D.II-15 sont situés dans le secteur nord-est de la corne du port. Ils sont décalés l’un par rapport à l’autre, séparés d’un mètre environ, le sondage D.II-11 étant implanté au contact direct du quai, alors que le sondage D.II-15 en est distant de 3 m. La fouille a été menée suivant la stratigraphie naturelle, composé de couches successives de vase, de sable puis de limon fin, résultant de l’envasement progressif du port. La stratigraphie est exceptionnellement continue, allant du Ve au VIIe s. apr. J.-C.

Des repères en ce qui concerne la datation des couches avaient déjà été posés grâce au travail de M.-T. Cavaillès1.

L’ensemble des unités de la stratigraphie a pu être regroupé en plusieurs périodes, ou phases, correspondant à des évolutions chronologiques2 . Nous avons néanmoins observé des décalages entre la périodisation de la céramique fine et l’évolution des amphores3.

Ces amphores se répartissent entre quatre principales zones de productions

Types / Périodes

1A

1B

2

3

4A

 4B

africaines

26

30

30

37

39

41

orientales

32.5

40

22

16.50

32

44

italiques

14

 0

6

2.50

0.60

0

hispaniques

 2.27

0

0

0

0

0

indéterminées

14

10

14.50

15

13

11

Période IA et 1B (première moitié du Ve s.).

Les importations orientales sont majoritaires à Marseille durant la première moitié du Ve s.

Les amphores indéterminées sont importantes dans les deux sous-phases de la période 1 (entre 10 et 14 % des BFA).

Les productions italiques (forme Keay LII) sont très fortement attestées durant cette période puisque leur taux atteint 14 % (période 1 A).

Les produits venant de la péninsule ibérique sont peu représentés (Dressel 23 et Almagro 51 A-B) et totalisent seulement 2 % des BFA.

Période 2 (deuxième moitié Ve s.).

Durant la deuxième moitié du Ve s., les échanges s’inversent. Les amphores africaines deviennent plus nombreuses (30 %) alors que les productions orientales enregistrent une sensible diminution (22 %).

Parmi les amphores africaines, à côté des types “classiques” hérités du Bas-Empire tels que les formes Keay XXV et Africaine II, un nouveau groupe apparaît (amphores cylindriques de grande dimension) caractérisé par de nouvelles formes telles que les types XXXIII et LV de Keay.

Les productions orientales conservent durant la deuxième moitié du Ve s. un faciès “archaïque”, caractérisées par les types LRA 1 a, 3, 4a et 6.

Période 3 (VIe s.).

Les comptages dans cette période confirment l’inversion constatée en période 2 : les amphores africaines poursuivent leur accroissement (37 %) alors que les productions orientales accusent une nette diminution malgré l’apparition de nouveaux types d’amphores du Proche-Orient (16,50 %).

Les amphores cylindriques de grande dimension sont caractérisées durant le VI° s. par plusieurs types (tels que les formes Keay VHI A et B, XXXV, LV, LVII et LXII).

Pour les amphores orientales, de nouveaux types apparaissent : LRA 2, 4b et 5. Les productions italiques, quant à elles, enregistrent un affaiblissement (2,50 %), indiquant très vraisemblablement la fin de leur importation au début de la période.

Les amphores indéterminées sont encore bien présentes et se distinguent par des chiffres toujours constants (15 %).

Période 4A(fin VIe-VIIe s.).

L’augmentation des amphores africaines se confirme en période 4A (39 %) alors que les productions orientales enregistrent de nouveau une importante progression (32 %).

Les amphores indéterminées se maintiennent toujours aux mêmes proportions (13 %).

Période 4B (VIIe s.).

Les pourcentages obtenus dans cette dernière période sont très intéressants puisque les amphores africaines sont toujours bien attestées (41 %) alors que les amphores du Proche-Orient reviennent au premier rang (44 %). Cette situation diverge de celle observée dans le secteur sud-ouest. Le fléchissement du pourcentage des amphores orientales, constaté à Marseille, à la fin du VIe s., et également noté à Carthage à la même époque, ne se retrouve pas du tout ici. Bien au contraire, les productions orientales demeurent très présentes au point de s’équilibrer avec les productions africaines. Ces résultats trouvent plutôt un parallèle avec ceux obtenus lors des fouilles de Naples.

Les amphores indéterminées régressent légèrement (11 %) et indiquent peut-être une activité moins diversifiée aux VIe-VIIIe s. qu’au Ve s.

Les résultats obtenus des comptages mettent en évidence l’originalité du lot d’amphores des sondages D.II-11 et D.II-15, dominé par les productions orientales dans la première moitié du Ve s. et pendant tout le VIe s., et par un relatif équilibre entre les deux productions durant le VIIe s.

Quelques remarques peuvent donc être dégagées

III. MARSEILLE, R.H.I. BON-JÉSUS/ILOT 39 N. COMBLEMENT DU PUITS
(Patrick REYNAUD)

1. Localisation.

L’opération de la R.H.I. du Bon-Jésus4, dans le quartier du Panier, à Marseille, a entraîné une fouille de sauvetage réalisés du 15 octobre 1991 au 29 avril 1992. Le chantier est situé sur l’îlot 39 N, à 35 m à l’est de la Vieille-Charité. Le matériel céramique de la fin de l’Antiquité provient d’un puits localisé en bordure de la cour d’une habitation construite vers le milieu du Ier s. av. J.-C.

2. Le puits.

Le cuvelage de ce puits-citerne n’est que partiellement appareillé. Son diamètre est de 1,30 m et la profondeur atteinte, à moins 9 m, a fait apparaître deux comblements. Le premier remplissage, entre 5,80 m et 8,40 m, est constitué de terre limoneuse (243) ou plus sableuse (244-306). Le deuxième, compris entre 0 et 5,80 m, est caractérisé par un apport de gravats.

3. Le mobilier archéologique.

a. Les sigillées claires importées
(par M. Bonifay).

Cette production représente une proportion assez faible (environ 200 tessons) de l’ensemble céramique.

1992-27-11_03

b. Les Dérivées-des-Sigillées Paléochrétiennes
(par J. et Y. Rigoir)
.

La DS.P. comprend 727 tessons, avec un minimum de 248 pièces, soit un coefficient de fragmentation de 2,92 (comparable à celui de Gardanne).

c. La céramique commune grise régionale
(par J.-P. Pelletier).

1992-27-11_04 1992-27-11_05

e. Les amphores (D. Piéri).

Elles représentent les 3/4 du matériel céramique.

Peu d’amphores africaines et les types présents semblent appartenir à la première moitié du V° s.

f. Les verres (par D. Foy).

Un minimum de 60 pièces a été identifié. Les formes les plus fréquentes sont celles de cruches à lèvre parfois ourlée vers l’intérieur (Is. 120) avec une anse nervurée et un pied conique, de couleur olivâtre, verte ou rarement incolore.

Les autres formes communes sont des coupes et des gobelets au rebord sans lèvre, avec un fond légèrement tronconique (Is. 106 ou Goethert-Polaschek 53), de couleur olivâtre. Notons la présence d’un petit bocal au rebord ourlé et à panse ovoïde, décoré de figures hexagonales (Goethert 98 ?) ainsi que deux fonds de lampes olivâtres convexes terminés par un bouton globulaire. Une vingtaine de pieds coniques et de fonds de couleur olivâtre ou vert ont été répertoriés.

Ces formes sont communes au Ve s., particulièrement dans la première moitié. Néanmoins, la présence de 8 autres coupelles ou gobelets sont datés habituellement de la fin du Ve s. ou du début du Ve s. sur des sites du nord de la Gaule. Six sont ornés de filets émaillés et deux fonds sont décorés d’un chrisme avec l’alpha et l’oméga. Ces décors permettent d’avancer comme datation la deuxième moitié du Ve s. et peut-être le dernier tiers de ce siècle.

g. Autres mobiliers (par P. Reynaud).

Malgré leur petit nombre, il faut signaler quelques objets, notamment en os

légende

Proportion des différentes régions productrices (en % BFA*).

* Les pourcentages ont été obtenus à partir du comptage des BFA : tous les bords, fonds et anses appartenant à des objets différents sont comptés après collage. Les tessons de panse sont donc écartés.

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