Téléchargez le fichier PDF |
CATHMA
Compte rendu de la réunion du 4 avril 1991
Présents : M.-E. Bellet, Ph. Borgard, G. et J.-B. Féraud, F. Gateau, F.
Paillard, J.-P. Pelletier, J. Piton, J. et Y. Rigoir, M. Vecchione.
Excusés: M. Bonifay, G. Demians dArchimbaud, M. Leenhardt, L. Rivet, S.
Saulnier, L. Vallauri.
La réunion sest tenue à MORMOIRON (84).
I. PRESENTATION DU SITE DU MOURRE DE LA VILLE A MORMOIRON
Le Mourre de la Ville se présente comme un vaste site de pente, peut-être occupé dès le Haut-Empire mais plus particulièrement représentatif de lAntiquité tardive et du Haut Moyen Age. Cet habitat, établi en contrebas et à proximité immédiate de la butte qui soutient le village actuel de Mormoiron, sétend probablement sur plus dun hectare à lapogée de son développement (Fig. 1).
Le gisement est signalé pour la première fois en mars 1985, à loccasion de travaux de terrassement. En 1986, linventeur du site, Henry Marchesi, procède à une rapide fouille de sauvetage qui révèle plusieurs murs, des tombes sous tuiles en bâtière (?) et localement, une stratigraphie complexe: sur plus d1 20 m de hauteur se superposent plusieurs niveaux doccupation dont les plus récents se rattachent aux XIIe-XIIIe s. et les plus anciens aux premières décennies du Ve s.
Un très riche dépotoir (remblai dassainissement ?) est mis au jour qui se rattache à cette dernière période. Son matériel est apparemment homogène si lon excepte de rarissimes tessons résiduels des Ier-IIe s. de n.è.
Le classement et létude préliminaire du matériel du Mourre de la Ville ont été assurés par lAssociation Historique et Archéologique des Terrasses du Ventoux, qui nous recevait dans ses locaux. Nous remercions chaleureusement M. et Mme. Beauvais qui président aux destinées de cette association, pour leur aimable accueil (les pièces les plus spectaculaires du site sont présentés dans un élégant petit musée, situé à proximité de la Mairie).
Présentation du matériel
(dessins de céramiques Patricia Meffre).
La fouille a livré une majorité de matériel engobé divers, quelques tessons de sigillée claire D, une vingtaine de DS.P., des céramiques communes à pâte rouge de type languedocien, des communes grises, des amphores et des sigillées résiduelles.
1. Les céramiques engobées
Luisante : quelques fragments de la forme Lamb. 1/3 (dont un à peinture blanche) et de la forme 14/26 (en plus grand nombre).
Pseudo claire B (Fig. 2) : catégorie de céramiques engobées difficilement définissable dont les formes (bols, cruches) rappellent celle de la claire B. Il convient disoler une forme majoritaire, intermédiaire entre la Desbat 8 et la Rigoir 18 dont lengobe varie de locre au brun et dont la panse est ornée dune bande de guillochis serrés. On trouve principalement cette forme dans la basse vallée du Rhône.
? : plusieurs exemplaires dassiettes à pâte beige et surface très bien lissée, daspect satiné. Lengobe, sil y en a un, est très léger et transparent. On remarque, sur le fond, un décor imprimé de rouelles et de palmettes simples (fig. 3).
2. La Sigillée claire D
Production de la première génération avec les formes H. 59A, 60, 61 et un fragment de fond dassiette décoré de palmettes.
Quelques tessons en culinaire africaine dont un couvercle H. 196.
3. La D.S.P.
Formes 1, 11, 6, 18,... décor de rouelles, palmettes et arceaux. Deux bords de la forme 18 appartiennent aux imitations locales de style languedocien de la première génération. Sur lun deux (Fig. 4), la rouelle 2632a a été identifiée (présente aussi dans le Vaucluse sur le site Les Gros et à Saint-Laurent-de-Pélissane (13), sur deux bols de même style, cf SFECAG, Actes du Congrès dOrange, 1988, p 253). Deux fragments sont orangés.
4. Les céramiques communes
Communes à pâte rouge de type languedocien: bols en pâte sableuse à rebord divergent (cf. Lunel-Viel et Arles); plats (forme CATHMA C) à engobe micacé ; urne à pâte grossière et col vertical ; mortiers à pâte sableuse et engobe micacé.
Communes à pâte grise : en quantité moindre que les autres catégories, elles peuvent être attribuées à trois périodes distinctes
a. La plupart des tessons appartiennent à la séquence principale du début du Ve s.
Les formes A, de moyenne ou assez grande dimensions (fig. 5), comportent des fonds qui nont pas encore le caractère des objets de la fin du Ve s. : ils sont larges (plus de 10 cm), plats ou concaves, rectifiés ou avec des rainures... Les bords sont en majorité de type régional ou local (ils ressemblent un peu à ceux dApt) ou rhodanien. Ces ollae ne comportent aucune anse. Les formes B : quelques éléments à profil classique et des bords type B5. Les formes C sont proportionnellement très nombreuses (fig. 6). Un seul bord de mortier D. Quelques fragments de couvercles.
b. De rates éléments plus tardifs: bords A5 et A6 et type Rigoir 4.
c. Une petite série attribuable aux environs de lAn Mil
notamment une anse à section large, rubanée, avec un décor de lissage, quelques fragments de panses décorées avec une roulette grossière, de fonds bombés, des fragments de panse lissés, un bord en poulie, un bec ponté...
5. Les amphores
Africaines et orientales. Keay 23 et 25 type B (majoritaire), C et G. Keay 52 et 53. Dressel 23 et 30. Lare Roman I et II.
Conclusion
Tous ces éléments nous incitent à dater la majorité du matériel du premier quart du Ve s.
II. ARLES
Jean Piton présente du matériel provenant du Cirque, de l IR.P.A., dun dépotoir de Trinquetaille et du Cryptoportique, montrant des évolutions sur près de 4 siècles
- Cirque : dans un contexte de la fin Ier s.-début IIe s., une variante de la forme Desbat 16, datée généralement de la seconde moitié du IIe s. Il signale également que latelier dAlba produirait de la claire B, parfois cuite en réduction, dès lépoque flavienne et le début du IIe s. ;
- Trinquetaille : une grande claire B de forme 1 de la fin du IIIe s. ; un bol orangé à décor imprimé de rouelles, palmettes et arceaux.
- IR.P.A. : un bol en Luisante (forme 1) à décor ocellé, dans un contexte ayant livré des monnaies de 260-280.
- Cryptoportiques : un calice engobé (début Ve s.) à haut col et très évasé, décoré de rouelles et de palmettes, dans un contexte à Claire D majoritaire (H. 59A et B, 61A et B, 67/68, 91B).
Muriel Vecchione présente du matériel arlésien issu de la fouille de lIle des Sables et comportant un ensemble de céramiques à pâte claire engobée (cruches, assiette à marli décoré de guillochis...) qui complète les ensembles variés qui ont pu être examinés pendant cette journée.
La prochaine réunion se tiendra à Nîmes, le jeudi 23 mai 1991. R.V. à 10 h. 30 au Centre de Documentation Archéologique du Gard.