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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 29 novembre 1990
Présents : G. Démians dArchimbaud, C. Bretton, I. Dalmasso, J.B. et J.
Féraud, D. Foy, L. Ghigo, R. Guéry, I. Laffly, M. Leenhardt, F.Paillard,
F. Paone, J.-P. Pelletier, J. Piton, M. Poguet, L.Poussel, J. et Y. Rigoir,
L. Rivet, S. Saulnier, C. Sumien, L. Vallauri.
Excusés : M. Bonifay, Cl. Raynaud.
La réunion avait pour but de montrer le matériel découvert à Gardanne en février 1980 par la Société Archéologique Méditerranéenne lors des travaux de terrassement de la Z.A.C. Notre-Dame. Une présentation partielle en avait déjà été faite à la C.A.T.H.M.A. en mars 1987 par M. Piskorz. Ce matériel confié au L.A.M.M. pour étude fera lobjet dune publication collective prochaine (Pelletier, Poussel, Rigoir, Vallauri et D. Foy).
L. Poussel relate les conditions de découverte et du sauvetage effectué par la S.A.M. : à 1 km à lest de la ville de Gardanne, le site était connu anciennement: loccupation antique a été signalée dans la statistique des BA.R., par labbé Chaillan, et F. Benoît dans la F. O. R. .
Malgré lintervention rapide des engins de terrassement, une grande fosse contenant du matériel de lAntiquité tardive et une tombe ont pu être, partiellement fouillées au cours dun week-end. Un matériel abondant a été recueilli : commune grise, DS.P., quelques sigillées claires africaines et orientales, verre, fragments de moules et creusets dun atelier de bronzier, fragments de vases et couvercles en pierre ollaire, quelques objets métalliques, ossements et coquillages.
R. Guéry expose de façon brillante une synthèse sur les plats carrés moulés africains, dont un fragment provenant de la fosse de Gardanne présente une panthère et un sanglier en relief dapplique. Ce tesson, ainsi que dautres découverts en Provence (Aix, Saint-Blaise, Arles...), seront publiés dans le n° 13 des D.A.M.
La fosse a livré un total de 5273 tessons de céramiques. On dénombre 670 DS.P. (13%), 4407 communes grises (83 %), 185 diverses indéterminées et seulement 3 sigillées claires importées (dont 1 fgt de lampe africaine, 1 plat carré décoré Hayes 56, 1 Late Roman C Hayes 3). Cette absence de céramiques importées (S. Cl. africaines, communes et amphores) donne un faciès original à ce contexte de dépotoir qui a en outre permis de nombreux recollages sur la commune grise, les DS.P. demeurant plus fragmentaires.
Des analyses géochimiques effectuées par M. Picon sur une dizaine déchantillons ont montré là encore le caractère original du matériel, provenant dateliers particuliers utilisant des argiles kaolinitiques régionales ou locales avec une grande diversité de composition et qui se classent mal.
La différence nette de composition entre les DS.P. et les communes (respectivement 8 à 12 % et 1 à 7 % de calcaire) est atténuée par la présence de formes communes aux deux productions, et dun certain nombre de tessons dont les pâtes sont parfois difficiles à attribuer à lune ou lautre des catégories.
Les DS.P., à lexception de quelques tessons de fabrication classique (marseillaise), sont de facture très rustique et originale. Les décors au poinçon y sont rares et quelquefois très frustes, les guillochis plus abondants sont très négligés.
Le répertoire des formes est banal : assiettes et bols à marli de forme 1 et 3, amphorettes de forme 63... On note cependant une particularité inconnue jusque là pour la région dans les profils de panses dassiettes : généralement aux environs de 45°, linclinaison sabaisse à Gardanne à 20-30°.
Parmi les décors au poinçon, on remarque deux motifs cruciformes inédits, et des empreintes de la double rouelle 2015 fréquente dans la région marseillaise mais utilisée ici alors que le même objet était détérioré : de larges fissures transversales montrent que loutil sest fendu après son utilisation à Marseille ; il semble permis de supposer que ce poinçon usagé a été réutilisé dans un atelier différent, ce que confirme le profil aberrant de lassiette ainsi décorée.
Les communes grises sont elles aussi intéressantes, à la fois par leur masse et leurs caractéristiques. Les comptages impliquent un nombre minimum de 425 objets, soit 218 formes A (pots, ollae et marmites), 76 formes B (coupelles), 80 couvercles (forme E), 23 mortiers (forme D) et 28 formes rares (cruches F et K, bols L2, ...). La typologie élaborée lors de létude du matériel de Saint-Blaise (à paraître dans les D.A.F. en 1991) sera précisée et nuancée : le nombre des formes archéologiquement complètes et des fragments significatifs permet une étude enrichissante dun matériel original et relativement homogène, de fabrication plus ou moins locale. Parmi dautres exemples, on peut maintenant affirmer que les marmites A2A et A4A comportent deux anses ; les cruches F et K sinspirent des objets en DS.P., comme le vase à bec tubulaire (forme Rigoir 36)...
Le verre associé forme un ensemble homogène de 148 tessons. Les rebords
coupés (de teinte olivâtre) sont les pièces les plus anciennes. La majorité
du matériel est décorée de filets démail blanc, dont lapparition est
située à la fin du Ve siècle, de même que les fonds coniques et les coupelles
à décor chrétien. Quelques fragments de forme Ising 111 devraient permettre
de repousser la datation au début du VIe siècle.
Il faut remarquer la présence de deux fragments de creusets et de déchets
de fabrication, témoignant dun artisanat du verre.
Le travail du métal est représenté par de nombreux fragments de moules
en argile poreuse (138) et de creusets (42), indices dun atelier de métallurgie
(bronzier ?) particulièrement intéressant pour cette période.
F. Paone relate son intervention avec M. Vacca Goutoulli à Saint-Jean-de-Garguier
autour dune bastide du milieu du XVIIIe s. pour le groupe Mornay-Vacances
bleues.
Lun des sondages a livré de nombreuses traces de constructions et de la
céramique A.T.H.M.A. (C.C.G., Cl. C tardive, DS.P. 1/3 et Luisante) ainsi
que de la céramique commune à pâte claire engobée, de la céramique modelée
protohistorique et de la phocéenne.