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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 13 novembre 1987

Présents : Patrice Alessandri , Jacques Bremond, Marie-Geneviève Colin, Michel Compan, Jean-Baptiste Féraud, Cherine Gebara, Roger Guéry, Jérôme Kotarba, Jean-Pierre Pelletier, Jean Piton, Hervé Pomaredes, Claude Raynaud, Yves: et Jacqueline Riqoir, Lucien Rivet, Nicole Rothman, Sylvie Saulnier, Claude Sintés, Christian Trézin, Lucy Vallauri.
Excusés : Michel Fixot, Gabrielle Démians d’Archimbaud, Maïté Cavaillès, Marie Leenhardt.

La séance du l3 novembre s’est déroulée sur le site d’Augery de Corréges (commune d’Arles), où des fouilles après prospection, ont été entreprises sur le tracé de l’autoroute A55 (oct. 86 à nov.87).

La visite a été organisée par l’équipe archéologique : Patrice Alessandri, Michel Compan, Jérôme Kotarba et Hervé Pomaredes.

Le site dont deux limites ont pu être reconnues couvre plus de 6 hectares. Après un minutieux décapage de surface, le gisement a révélé de très nombreuses structures circulaires et linéaires, creusées dans les alluvions du Rhône. La fouille des structures linéaires a mis en évidence soit des larges tranchées de murs de terre, comblées par des matériaux de constructions (pisé, fumier de chèvre...), soit des drains. Les structures: circulaires, dont les parois étaient enduites d’argile servaient au stockage des grains. Ces silos se différenciaient des autres fosses circulaires, souvent de plus petit diamètre, aux parois verticales. qui ont été interprétées comme des trous de poteau;, comblés parfois de cendres â la base.

La mise en plan des différentes constructions a permis de restituer un habitat de grande ampleur : plusieurs vastes maisons de plan rectangulaire avec système de jardin attenant, occupent au sol une surface de 40 m2 (incluant habitat et espace pour le bétail).

Cet habitat très organisé, bordé par une voie, est très probablement un village de terre, aux toitures de chaume (absence totale de tuiles ou de pierres, excepté quelques remplois de sarcophages antiques.

L’étude stratigraphique dans certains secteurs mains arasés par les défoncements ,agricoles a restitué plusieurs phases d’occupation (très proches ‘’?.

La datation des différentes séquences chronologiques (création... abandon) reste plus problématique : une seule monnaie carolingienne a été découverte ainsi que plusieurs agrafes de bronze, des clés., etc... Des datations absolues obtenues par archéomagnétisme, apporteront de nouveaux critères. De plus, les études palynoloqiques et malacologiques en cours permettront de mieux interpréter cet habitat agricole exceptionnel.

le premier gisement de ce type découvert dans le midi et pour lequel les recherches d’archives n’ont pas permis de retrouver de trace.

Présentation du matériel céramique

Les échantillons de céramiques observés sont pour l’essentiel des productions communes cuites en atmosphère réductrice. On remarque plusieurs qualités d’argile, dont certaines caractéristiques du Languedoc et de l’Uzège (réfractaire, de couleur blanche et bien cuites). Il faut noter aussi la présence de quelques pièces cuites en atmosphère oxydante mais qui sont peut-être dues è des accidents de cuisson ;phénomène déjà observé sur d’autres sites).

Parmi les formes, les pots globulaires à lèvre à bandeau dominent très largement avec des fonds bombés ou à peu près plats. Les panses sont souvent cannelées au tournage, ou décorées par des motifs de roulette très serrés sur une grande partie de la panse, ou par des tissages. Quelques rebords présentent un bec pincé ou parfois ponté. Les attaches d’anses sont d’un type très particulier : la pose se fait contre le rebord sans déformation importante. Il faut noter enfin la présence d’une écuelle, tout a fait exceptionnelle dans le répertoire médiéval, ainsi qu’un fond bombé marqué d’une croix (sans correspondance exacte avec les types lyonnais du IVe siècle connus).

En conclusion, ces pots de fabrication sans doute très régionale ont des formes proches de celles répertoriées dans des fouilles de l’an mil (Cucuron, Apt, Buoux, etc ...). Par leur décor (roulette, lissage...) on peut les situer raisonnablement dans une fourchette Xe-XIe siècle. Des comparaisons très précises avec le matériel languedocien de Lunel-Viel (fouilles C. Raynaud) et des récentes fouilles urbaines d’Arles très proches, seront nécessaires, ainsi qu’avec des trouvailles fortuites anciennes (Calranne, Sainte-Cécile-les-Vignes, fouilles Bauthias) répertoriées au L.A.MM.

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