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CATHMA
Compte rendu de la réunion du 25 avril 1996
Participants : S. Barberan, M. Bonifay, F. Coeur-Mezzoud, C. Dovis, G. et J.-B. Féraud, M. Moliner, F. Paillard, V. Pannequin, J.-P. Pelletier, D. Pieri, J. Piton, C. Raynaud, C. Richarté, J. et Y. Rigoir, L. Rivet, S. Saulnier, L. Vallauri, M. Vecchione.
Le matin, la réunion sest tenue dans les locaux du dépôt archéologique, rue Salengro, à Marseille, et a été dévolue à lexamen du matériel provenant de la Place Jules-Verne ; laprès-midi, la CATHMA sest déplacée au Fort Saint-Jean où les mobiliers de plusieurs épaves du IVe s. ont été présentés.
I. MARSEILLE, PLACE JULES-VERNE
(Présentation : Florence Cur-Mezzoud et
Dominique Piéri)
1. Le contexte
Présentation des premiers résultats issus de lexamen global de la céramique du secteur 4 (situé dans la zone nord-ouest de la fouille). Ce contexte avait fait lobjet de la réunion CATHMA du 10 février 1995 où seules quelques unités stratigraphiques, les plus significatives, avaient été évoquées très sommairement.
Pourquoi insister une nouvelle fois sur ce secteur qui, à priori, ne présente pas un lot très riche quantitativement et, qui plus est, très fragmenté (8396 fgts pour les amphores, 3551 pour la céramique fine, ce qui représente un lot relativement moyen) ?
Pour cela, deux raisons : la première, révélée par lexamen global, est que ce lot a le mérite de proposer, pour la majorité des contextes, une séquence chronologique presque figée, que nous proposons de dater, avec prudence, de la seconde moitié ou de la fin du VIIe s.
La seconde, plus intéressante encore, est que nous avons avec la composition de ce lot céramique une association de formes rarement rencontrées voire même inédites pour notre région.
JV4 permet donc de compléter le corpus des céramiques tardives dans la limite basse de léchelle chronologique mais également dappréhender dune façon nouvelle les échanges commerciaux pour les périodes post-justinienne et pré-carolingienne.
Pour présenter très succinctement le site, JV4 est un espace dune superficie relativement réduite, miraculeusement sauvegardé au milieu dun enchevêtrement de substructures modernes et médiévales. La nature des restes retrouvés sur le terrain suit un schéma désormais classique pour notre période, à savoir des traces doccupation très ténues (illustrées notamment par des restes de murs dhabitat associés à des lambeaux de sols chaulés), des récupérations quasi systématiques déléments de construction ainsi que par un phénomène généralisé de creusement de fosses ou de silos. De plus, il semble quà cette période, nous assistons dans cette zone portuaire à un véritable programme daménagement urbain caractérisé par des nivellements et des remblaiements massifs. La puissance stratigraphique du site est faible, les couches doccupation en place sont peu épaisses, la majorité des unités étant des fosses et des remblais successifs. Lors de la fouille, trois états ont pu être distingués, dénommés états tardo-romains 1, 2 et 3", qui paraissaient se succéder chronologiquement ; lexamen de la céramique permet aujourdhui de nuancer ces observations puisque, de haut en bas du diagramme stratigraphique et indifféremment selon la nature des US, on retrouve les mêmes associations de formes.
2. Le matériel
a. Les céramiques fines (F. Coeur-Mezzoud).
On a dénombré : sig. cl. D : 584 fgts, dont 284 indéterminés. ; LRC : 33 individus; LRD : 5 fgts, dont 3 indéterminés. On note un fort pourcentage de céramiques communes importées ; la CCG et la DS.P. se trouvent en proportions identiques.
Pour la sigillée claire D, le problème principal est celui du résiduel :
du bas en haut de la stratigraphie, on note les mêmes formes et les mêmes
associations.
Parmi les éléments tardifs : H. 90, 97 et 99C et 104 C ; certaines formes
le sont encore plus (milieu du VIIe s.) : H. 105, 106, 107, 108 et H. 109 ;
deux variantes de cette dernière : lune à paroi épaisse, datée de la deuxième
moitié du VIe s., daprès Reynolds, et lautre à paroi mince qui napparaît
pas avant 620 (Hayes), plus caractéristique de la deuxième moitié du Vlle
s. (cf. fouilles de Carthage, de la Cripta Balbi à Rome, dIstanbul où
elle a été retrouvée en association avec des monnaies du troisième quart
du VIIe s., etc
).
La LRC : surtout des f. 3 (peut-être résiduelles), inornées ou avec des décors à la roulette ; en général elle est datée de la deuxième moitié du VIe s.
La LRD (chypriote) : f. 2 (ancienne) ; un fond orné dune croix en queue de poisson.
La DS.P. : résiduelle, fragmentée, abîmée ; on note, entre autres, des f. 6, 25, 29, une faible proportion de décors (47 individus. sur 288 : 12 sont guillochés, 29 présentent un décor imprimé soit de rouelles, darceaux ou de palmettes, mais des poinçons déjà répertoriés, 1 seul à décor ondé). Quelques formes inédites toutefois, présentant des pâtes intermédiaires entre la DS.P. et la CCG, dont une forme avec un bord en T, une imitation de la f. 87 en sig. cl. D ; la f. 29 (mortier) évolue avec un profil mince et très anguleux.
La CCG : formes courantes (classiques) du Vle s., avec des pâtes marseillaises
: Al, A2, A3 avec des rebords simples ou un peu plus évolués. Mais quelques
exemplaires présentent des dimensions supérieures à la moyenne qui peuvent
montrer une évolution vers le Vll s et vers le pot. Quelques f. B, peu
de mortiers ; la f. A4 montre aussi une évolution; deux bords de A6 sont
plus caractéristiques de la fin du Vle et du Vlle s. ; ces deux dernières
formes ont des pâtes qui présentent un faciès plus rhodanien, en tout cas
pas marseillais. Une autre caractéristique du lot est de présenter une
certaine quantité de formes rares ou non répertoriées.
Comme pour la DS.P., la quantité de résiduel est importante.
Les communes importées en proportion notable présentent une belle variété.
Productions africaines CATHMA 1, 2, 3 et 6. Un exemplaire proche de la
f. CATHMA 4 mais avec un rebord différent et ne présentant pas de stries
est connu en Egypte doù il pourrait être originaire. XXX
Productions orientales : CATHMA 5, 11, 15, 23 et 29 ; au moins une marmite
de Constantinople avec anse torsadée (qui est un bon fossile directeur
comme la f. 109 en cl. D : connue sur lépave de Yassi Ada, datée par des
monnaies de 625, à Carthage dans des contextes de la fin du VII s.) ;
marmite de Chypre (VIIe s.).
Productions italiques : CATHMA 7, 13 (Vintimille), 22, 25 ; 1 fgt de bord
avec anse appliquée à pate rouge et gros dégraissant de schiste.
b. Les amphores (D. Pieri)
La part des régions productrices : AFR. :41% ; ORI. : 27%; IND. : 24%; RÉS. : 8% (% total tessons sur 8396 fgts damphores).
Le chiffre élevé dindéterminées sexplique par le fait quil sagit dun matériel encore mal connu (absence de comparaison typologique) et dont une partie pourrait être attribuable à lOrient.
ORI. : LRA IB (sous-type 2) dont un fond de forme Saraçhane fig. 49 n 194; LRA 2A et surtout B à décor à peine incisé et ondulé (avec des demi-modules de type B) ; LRA 4B ; Bag-shaped sphériques (type 4) ; LRA 7 (variante tardive à carène ou méplat) ; Robinson M 334 ; Cistem of Samos ; unguentaria tardifs non estampillés.
AFR. : Keay LXI C ; Keay VIII A ; Keay L et variantes ; Bonifay fig. 12 n 55 et spatheia tardifs de très petites dimensions.
Globulaires (à fond ombiliqué) : produites dans différentes régions comme lAfrique du Nord (majoritaires à JV4), lOrient (mer Egée ?) et lItalie du Sud. Certaines nont pas pu être rattachées à une aire de production.
Nous commençons donc maintenant à mieux comprendre le faciès du Sud de la France déjà entrevu à San Peyre dans le Gard (cf. Pellecuer 1993), ce qui permet de gommer petit à petit le hiatus chronologique du corpus céramique entre les périodes dédification des royaumes dits barbares et lempire carolingien. Ailleurs, des études récentes corrigent également la vision économique pour ces périodes charnières comme en Italie : Rome-Cripta Balbi et Ligurie-San Antonino di Perti (Murialdo 1992 et 1995), et en Orient : Turquie : Istanbul (Hayes 1993) et Syrie (Sodini 1992).
En conclusion, il serait nécessaire de reprendre létude de ce mobilier
par US, de façon à essayer daffiner lapproche de lévolution des formes.
II. LE MATÉRIEL DES ÉPAVES DU IVe SIÈCLE (Présentation: Catherine Devis)
Il sagit des mobiliers de plusieurs épaves datés du IVe s. qui font actuellement lobjet dune thèse.
Catalans, rade de Marseille (1971) : fin IVe s.
- Almagro 51 C, 51 A/B, Dressel 23, amphore type Port Vendres 1
-Sig. cl. D.
- Briques, tuyaux de terre cuite
Chrétienne D, Saint-Raphaël (1962) : fin IIIe-IVe s.
-Almagro 51 C, Beltràn 72, Dressel 23, Keay 25
-Céramique non vue ; 2 ancres en fer.
Héliopolis I, Ile du Levant (1987) : fin IVe s.
-Keay 25 A/B, Agora M 281, M 234
-Sig. cl. D ; commune culinaire
-Casserole en cuivre et étiquette en plomb.
Laurons II, Martigues (1978) : fin IIIe-IVe s.
-Keay 8 B, Gauloise 4, Keay 23
-Sig. cl. B/Luisante ; africaine culinaire ; cér. commune ; monnaies.
Lavezzi VI, Ile de Lavezzi, Corse (1968): fin IIIe-IVe s.
-Byzacène, Dressel 30
-Jas dancre.
Luque B, rade de Marseille (1970) : IVe s.
-Keay 25 A/B
-Lampe ovoïde Deneauve XI A et variante
-Céramique non vue.
Pampelone, Saint-Tropez (1974) : IVe s.
-Almagro 51 C. Keay 25 A/B, Dr30, Beltràn 72, Maurétanie
-Etiquette en plomb ; bouchons de liège.
Planier VII, rade de Marseille (1962) : IVe s.
-Almagro 50, Byzacène.
Port-Vendres II, Anse Gerbal (1952) : fin IVe-début Ve s.
-Almagro 50 et 51 C, Dressel 23, amphore type Port-Vendres I
-DS.P. ; sig. cl. D
- Lampe type Ponsich IV B ou C ; monnaies, dés et jetons.
Sud Lavezzi I, île Lavezzi, Corse (1974) : fin IVe s.
- Almagro 50 et 51 C ; amphore à fond plat ; Beltràn 72 ; Dr 23.