Précédent Remonter Suivant

Téléchargez le fichier PDF

CATHMA
Compte rendu de la réunion du 17 novembre 1989

Présents : M. BONIFAY, P. BORGARD, G. DEMIANS d’ARCHIMBAUD, J.-P. DESIDERI, G. et J. - B. FERAUD, F. GATEAU, R. GUERY, L. MARTIN, F. PAILLARD, J. - P. PELLETIER, J. et Y. RIGOIR, L. et N. RIVET, M. SCIALLANO, P. TRONCIN, L. VALLAURI, M. VECCHIONE, R. ZERUBIA.
Excusés : I. LAFFLY, M. LEENHARDT, J. PITON, C. RAYNAUD.

L. Rivet annonce la création d’un groupe C.A.T.H.M.A. à Lyon. Tous les présents souhaitent que cette nouvelle organisation entretienne des liens scientifiques privilégiés et étroits avec le groupe méridional.

Information est également communiquée d’une réunion qui s’est dé roulée. le 30 Août 1989, à Toulouse, à l’initiative de L. Rivet et en collaboration avec C. Landes et C. Sauvage-Dieulafait, entre les céramologues de Saint-Bertrand-de-Comminges. de Toulouse, du Gers et des Pyrénées ; J. et Y. Rigoir ont participé à cette réunion. Les céralomogues de cette région Midi-Pyrénées ont, à cette occasion, ressenti le besoin de telles réunions programmées à date fixe et envisagé la création d`une C.A.T.H.M.A.

L’ensemble de la séance est ensuite consacré au matériel céramique des fouilles récentes de Digne.

1. DIGNE : FOUILLE DE LA R(ésidence) pour P(ersonnes) A(gées).

Fouille de sauvetage menée en 1984 par M. Bonifay, G. Lemaire et R. Zérubia sur ce terrain de 2000 m2, (800 m = fouillés exhaustivement) situé à une vingtaine de m. à l’ouest de la cathédrale.

Présentation du site

Présentation du matériel

R. Zérubia a sélectionné plusieurs ensembles stratigraphiques :

De l’Africaine de cuisine, Hayes 1 95 et 197. Datation ; fin IIe s.

L’engobée est toujours abondante, avec des bords à lèvre en amande ; deux fr. de Firmalampen. Datation : imprécise (IIe s. ?).

En conclusion. le matériel présenté offre beaucoup de similitudes avec celui des fouilles de la cathédrale (abondance des pâtes claires engobées). En outre. les niveaux de l’antiquité tardive. dont on ne peut guère douter de l’existence, sont peu ou pas illustrés par du matérie1 céramique. On notera l’absence totale, dans l’échantillonnage présenté, de sig. cl. D (un fr. de H. 105 a été récupéré dans les terres de surface) et de DS.P.

1989-17-11_01

II. DIGNE : FOUILLE de la CATHEDRALE NOTRE-DAME du BOURG.

G. Demians d’Archimbaud présente la fouille menée depuis 1987 dans la cathédrale (après des sondages de reconnaissance effectués en 1983 et 1984), en collaboration avec R. Guild, J.-J. Pasnot et S. Schindler, J.-P. Braco, P. Borgard, F. Richez, E. Grégorzick.

Le .chevet, de l’actuelle cathédrale était une zone cémétériale. Dans la croisée, un vaste chevet plat a été construit, sur des substructions antiques Importantes, et modernisé autour de l’an mil par l’insertion d’une abside e n hémicycle. Dans le chevet actuel et le bras sud du transept, la fouille a révélé une nécropole bien stratifiée où se sont succédées tombes sous tuiles, tombes maçonnées et tombes sous lauzes. Les analyses faites sur les ossements provenant de trois tombes maçonnées (analyses du laboratoire de radio-carbone de Lyon donnent une datation échelonnée couvrant la période carolingienne (. entre 75.0 et 990-1000). à l’entrée de la nef, il a été retrouvé une mosaïque de l’antiquité tardive actuellement proche par le style de celles de Loupian) associée à des installations qui purent correspondre à une sole menant au presbyterium (datation de la mosaïque: deuxième moitié Ve environ d’après H. Lavagne et C. Balmelle). Par-dessus, a été aménagé à l’époque carolingienne, un chœur de chanoines qui occupe un vaste espace de la nef actuelle.

Présentation du matériel :

L. Rivet a inventorié une grande partie de la céramique issue de ces fouilles. Pour cette séance, il a sélectionné trois types d’ensemb1es

Le matériel issu des contextes du Haut-Empire : il permet de définir trois paliers chronologiques :

  1. une occupation (liée à un mur sous le clocher et passant sous les murs antiques de la croisée) pouvant se situer dans les années 15-30 de n. e. (dans la croisée, c. 98-99-100 et 110) : uniquement de l’arétine dans le matériel datant. Sur 187 fr. l’engobée représente 39 % de l’ensemble.

  2. une phase. moins sûre car moins bien documentée. à situer vers le milieu du Ier s., ou un peu avant (chevet, c. 276 et transept nord, c. 178).

  3. une dernière période (correspondant sans doute à des réaménagements d’envergure). uniformément présente dans tous les sondages profonds (croisée, c. 96, 97 et 109, chevet, c. 247. 256 et 263, transept sud, c. 235. 242 et 244) et datable de la charnière entre le Ier et le IIe s. (fm. flaviennes de La Graufesenque. Africaine de cuisine et fm. précoces de sig. claire A Hayes 23. Firmalampe). Sur l’ensemble de la céramique (1794 fr.), l’engobée représente 37 %.

On constate donc que la céramique commune fine à pâte claire et engobe orangé, dont on connaît par ailleurs le développement dès la période augustéenne et tout au long des Ier et IIe s., est déjà extrêmement abondante. à Digne, dans les contextes du début ou de la fin du Ier s., sans qu’il soit nécessaire, bien sûr, de la qualifier de sig. cl. B de mauvaise qualité...

Le matériel issu des contextes de ATHMA et dans lesquels il n’est pas possible. à ce stade de l’étude, de faire des distinctions chronologiques : on retiendra deux ensembles, sans doute les mieux documentés en matériel :

  1. Dans le chevet, c. 233. 234 et 240 (remblai entaillé par une tombe sous tuiles) : on note, parmi les 25 fr. de sig. cl. D, deux bords de fm. Hayes 68, un fond appartenant, peut être, à la fm. 61 et deux fr. de fonds décorés ; un fr. de DS.P. grise est très douteux ; une monnaie (348-360) confirme une datation haute, de la seconde moitié du IVe s . Sur 878 tessons, l’engobée représente 50 %.

  2. Egalement dans le chevet, c. 128. 129, 216, 226 et 227 (également un remblai entaillé par une tombe sous tulle) : on recense 12 fr. de si g. cl. D dont un bord de fm. Hayes 59. un autre de H. 61B et un de H. 68 : un fr.. informe est peut-être de la phocéenne tardive : Il y a cinq fr. de DS.P. grise. La commune grise de l’ATHMA est, semble-t-i1, peu représentée. Là encore, une datation vers la fin du IVe s. est possible, voire du Ve s., sous réserve d’une étude plus approfondie. Sur 377 tessons. l’engobée représente plus de 43 %.

1989-17-11_02

La question se pose, en particulier dans ces contextes de l’Antiquité tardive de Digne. de la classification des céramiques engobées ; il est sûr que lorsqu’on dispose de formes, on peut assez facilement différencier ce qui est production du Ier s. de ce qui est production du IIe s. ; toujours avec les formes, on peut, pour cette dernière période, individualiser assez aisément la sig. cl. B. En revanche, pour les IIIe et IVe s. (et, peut-être, Ve s.), si on peut également bien reconnaître la production de Luisante telle qu’elle est actuellement définie, iI n’en va pas de même d’une éventuelle poursuite dans les productions de communes engobées, avec d’éventuelles évolutions dans la typologie. Le matériel dignois, assez fragmenté, se prête difficilement à de telles observations. Peut-être pourrait-on envisager l’étude du matériel de la fouille de l’l’Escale, conduite par R. Moulin, conservé au musée de Digne et qui a livré un lot abondant de formes entières de cér. engobée.

* Le matériel issu de contextes carolingiens : actuellement, et avec une quantité de matériel nettement moins abondante que pour les phases précédentes. sept ensembles on été individualisés : on en retiendra deux :

  1. Dans le transept sud, des remblais, 157. 183. 184. 196. 198, 202. 207 et 208 : trois fr. de sig. cl. D, des proportions toujours importantes d’engobée (50 % sur 566 fr., sans conteste totalement résiduelle) et un fr. de Forum Ware (qui trouve des compléments avec les fr. récupérés dans l’ensemble suivant) : ce petit vase fermé est datable stratigraphiquement du Xe s. En cér. com. à pâte grise., à côté d e formes correspondant à l’ATHMA. on note un bord qui pourrait se rattacher à une production du Xe s., peut-être de la fin de ce siècle.

  2. Dans le transept sud également. la tombe 225z et la terre(C.197) de recouvrement : avec un fr. inf. de sig. cl. D et un fr. de DS.P. de couleur cuir ont été récupérés les fr. complémentaires du petit vase fermé de Forum Ware. Hormis cette pièce, le matériel est extrêmement indigent.

Il ne faut pas douter que la suite des recherches, d’une part avec la publication souhaitée de la fouille de la R.P A.. d’autre part avec une étude plus approfondie du matériel issu des fouilles (1983-84 et 1987-88) de la cathédrale, permettront de préciser les types de productions et les chronologies en même temps que les grandes étapes de l’évolution de ce quartier urbain.

Prochaine réunion : le vendredi 15 décembre, 14 h devant la chapelle de Saint-Jean-de-Garguier.

Haut de la page